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La Chronique des Damiers

Historiques

9 Octobre 2023

La victoire - historique! - du Portugal sur les Fidji en Coupe du monde (24-23) a été obtenue sans la participation de Joris Moura, le demi d'ouverture du VRDR, qui n'aura finalement joué en tout et pour tout que dix minutes au cours du tournoi, les dix dernières du match contre le pays de Galles (8-28), le 16 septembre. Sans doute une petite déception pour le Drômois, ainsi privé d'un apport plus actif à cette belle aventure, mais une garantie qu'il aura faim de compétition quand il rejoindra bientôt les Damiers pour réactiver sa saine concurrence avec Lucas Méret.

C'est aussi un petit morceau d'histoire qu'écrira le VRDR vendredi à Pompidou en recevant Rouen. Un club normand après un club breton (les Damiers ont joué leur dernier match - 24-39 - à Vannes), voilà un enchaînement inédit à ce niveau de la compétition.

En effet, si les historiens du sport s'escriment à ratiociner sur le pourquoi du cantonnement du rugby d'élite au sud d'une ligne Charente - Jura, à la notable exception de Paris et l'Île de France (1), force est de constater que les deux adversaires successifs des Damiers prospèrent dans des régions a priori peu portées vers le rugby professionnel. Il y eut bien quelques tentatives méritoires à Tours, au tournant des années 2000, ou à Strasbourg au cours des années 90. Mais toutes, sans même remonter à l'ASPTT Arras, à la fin des années 80, à une époque où la première division était élargie à 80 clubs, ont vite avorté.

Vannes comme Rouen font donc figures d'OVNI dans le paysage - et actuellement aux deux extrémités, leader et lanterne rouge - de la Pro D2. Le premier y est installé depuis un petit bail désormais (2016), qui lui permet de viser haut. Le RC Vannes s'appuie sur l'engouement populaire d'un Morbihan conquis, l'ambition de son président-homme d'affaires, Olivier Cloarec (à ne pas confondre, mon cher Jacques, avec son homonyme, président exécutif du Stade Rennais), patron de super et hypermarchés, et le travail en profondeur de son entraîneur en chef, Jean-Noël Spitzer, à la tête de l'équipe depuis 2005! Pour Rouen, l'irruption sur les hauteurs est plus récente (2019), l'avenir plus incertain, les équilibres encore fragiles mais le soutien de leur président-entrepreneur, Jean-Louis Louvel, "le roi de la palette", d'une vingtaine d'actionnaires solides et d'une agglomération au tissu économique costaud est un gage de durabilité.

Enfin, parlons chiffons! Oui, certains font mine de s'en plaindre (Nicolas?), l'article en sera un peu rallongé... Pour une fois, comme chaque automne, le VRDR empruntera vendredi les couleurs d'Octobre Rose, pour la bonne cause de la lutte contre le cancer du sein. Mais savez vous d'où vient le maillot à damier (2) sous lequel évoluent nos... Damiers? Il semblerait - et l'ancien talonneur romanais Christian Darlet est un fin limier en la matière - que l'origine remonte à 1908, à la suite d'une tournée en France des London Hospitals. Cette équipe de rugby, composée d'étudiants en médecine britannique, avait choisi de jouer en maillot à carreaux bleus et blancs pour se démarquer des autres formations alors généralement vêtues de tenues rayées selon la mode de l'époque. Elle joua un match à Bègles (et le CA Béglais adopta ses couleurs) et un autre à Lyon, devant des Romanais qui allaient fonder l'USRP et adoptèrent également leur original damier, mais en le teintant de noir. Peut-être parce qu'ils étaient par ailleurs adeptes d'automobilisme ou de cyclisme, deux disciplines où le damier noir et blanc marquait déjà les lignes d'arrivées...

Les London Hospitals sont aujourd'hui en noir et blanc suite à leur fusion avec un autre club

L'USRP a légué sa forme singulière au VRDR (qui y adjoint aussi un peu du rouge de feu le VS, dont la dominante était le blanc) qui en fait une rareté au plan national. En effet, puisque l'UBB, qui a succédé au CA Béglais, s'habille désormais en bordeaux, ne reste que le Sporting club appaméen pour endosser également un damier noir et blanc. Le SCA est le club de Pamiers (en Ariège), qui l'a choisi en 1921 pour des raisons mal définies (sans doute une commande mal comprise par les fabricants anglais et non pas pour la paronymie avec le nom de la ville...) mais qui ne le montre qu'en Fédérale 2. Soit loin des stades et des standards du VRDR qui demeure le seul club à damier du rugby professionnel.

P. Laf.

(1) Les raisons avancées sont multiples et -sans doute- complémentaires: présence importantes de commerçants et notables anglais dans le Sud-Ouest; une prédisposition créée par des pratiques "sudistes" préexistantes (soule, barette...) qui étaient des sortes de "proto-rugby"...; les jeux locaux - notamment de force basque - qui orientaient déjà vers un sport de contact; les patronages laïcs, où l'ont pratiquait plus souvent le rugby, prééminents dans le Sud-Ouest; la clémence du climat, avec des hivers doux qui favorisaient la pratique du rugby...

(2) On écrira "maillot à damier" (il s'agit d'un seul damier) mais on criera: "Allez Damiers!"

 

 

 

 

 

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