LA COTE D'ALERTE
Ce n'est ni infâmant ni même trop ennuyeux, dans un tableau de marche, de perdre à Nevers. Le souci, avec cette défaite au Pré Fleuri vendredi dernier (17-27), c'est qu'elle intervient à l'issue d'un match raté, où les consignes n'ont pas été respectées, face à un adversaire prenable et qu'elle renvoie le VRDR vers ses doutes et la lanterne rouge. Alors qu'un tiers de la saison est déjà écoulé.
Ne pouvant être à la conférence de presse de ce jeudi matin à Pompidou, j'ai choisi de me pencher sur l'histoire et les statistiques, qui en disent parfois plus long que les discours et révèlent l'ampleur des manques et des dangers.
Le classement d'abord. Depuis l'apparition du système de bonus en Pro D2 (2004-2005), le dernier après 10 rencontres n'a échappé qu'UNE SEULE FOIS à une place de relégable en fin de saison: Carcassonne en 2018, qui avait fini par accrocher la 14e place et se sauver in extremis. Cependant, Bourg-en-Bresse (en 2011), Auch (2014) et Dax (2015) ont terminé avant-derniers, une place synonyme de barrage et donc d'une éventuelle issue de secours désormais... Mais TOUS LES AUTRES n'ont pu éviter la dernière place. Très inquiétant. Avec cependant cette lueur d'espoir: jamais le dernier de la classe n'avait totalisé 15 points à ce stade, comme le VRDR aujourd'hui, le moins mauvais ayant été jusqu'alors Auch (14 points), en 2014. On se raccroche au moindre signe positif maintenant, en sachant également que les statistiques n'ont pas force de loi et ne demandent qu'à être démenties.
L'utilisation des recrues ensuite. Le sentiment que les nouveaux joueurs n'apportent pas tous ce pour quoi ils ont été embauchés commence à poindre. Il se vérifie au pointage de leurs apparitions et performances.
Il y a certes des satisfactions, au premier rang d'entre elles Louis Marrou, venu offrir son expérience, sa combativité et ses qualités d'exemple avec 8 apparitions, 560 minutes de temps de jeu (qui en font le Damier le plus souvent présent sur le terrain), 3 essais et un nombre incalculable d'actions défensives ou offensives efficaces, l'ancien centre de Provence est un vrai plus. Thomas Rozière, l'ancien Clermontois, et ses sept apparitions émargent également au rayon des satisfactions auquel accèdent progressivement Vincent Vial, cinq apparitions consécutives positives depuis qu'il est remis de ses soucis au pied, et Mattéo Rodor, qui joue de plus en plus souvent.
Le bilan est plus mitigé pour Darren O'Shea, certes 7 fois couché sur la feuille de match mais pour un temps de jeu plutôt faible (209 minutes) et des performances pour l'instant en dedans.
La déception vient d'Owen Lane et des deux Géorgiens. L'ailier international gallois, cinq apparitions seulement, certes sevré de ballons, n'a encore marqué aucun essai. Ilia Spanderashvili n'a joué que quatre fois, sa puissance n'a pas encore marqué les esprits et il n'a guère gratté de ballons (2), alors que c'est l'une de ses principales qualités annoncées. Quant à Otar Giorgadze, l'ancien Montalbanais, il n'est apparu que quatre fois également et son temps de jeu famélique (48 minutes) interroge et empêche toute appréciation étayée.
Ce qui est sûr, c'est que les renforts, et notamment devant, ne sont pas tous à la hauteur alors qu'au tiers de la compétition, la théorie de la période d'adaptation ne tient plus... Et qu'il y a urgence.
Voilà ce que nous pouvions sortir des archives avant un choc de nouveau capital (ce vendredi 19h30), contre un Oyonnax pas au mieux. Mais qui, tout récent pensionnaire de Top 14, demeure un très gros morceau. Face auquel Fabien Fortassin, si l'on s'en réfère à la liste des joueurs aux soins, devra composer son pack sans O'Shea (cheville), Giorgadze (doigt) et Milasinovich (mollet). Les Damiers auront besoin de beaucoup d'énergie et de soutien pour ne pas tomber dans la sinistrose...
P. Laf.