ET UN, ET DEUX, ET TROIS!
Franchement, après ce que le VRDR nous a fait connaître en début de saison et encore la semaine précédente à Aurillac, il faudrait être sacrément pointilleux pour ne pas se réjouir pleinement de cette victoire sur Mont-de-Marsan (28-23). "Sérieux" était le mot sur toutes les lèvres drômoises hier, les Damiers ayant fait le job en respectant les consignes, en jouant intelligemment l'occupation au pied, en dominant largement en conquête (grâce à McCauley et les siens, ils possèdent une touche en or!), en étant d'un froid réalisme sur les occasions qu'ils se sont créées ou sont allés chaparder grâce à un travail de titans, commettant très peu de fautes - et aucune faute bête! - dans les rucks et au grattage.
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Du travail propre et soigné, dont Ioane Iashagashvili a fait les frais: l'ex-coqueluche de Pompidou, dont le retour était tant attendu et scruté, s'est fait contrer deux fois en début de match, comme un symbole de son impuissance face à la furia de ses copains d'hier: un contest malin et déterminé de son compatriote Ilia Spanderashvili a d'abord offert l'ouverture du score à Lucas Méret, encore impeccable; puis un fond de touche qu'il a mal maîtrisé lui a valu une déferlante et la perte d'un ballon finalement aplati par Yassine Maamry. VRDR 10 - Ioane 0 après 24 minutes de jeu!
Seul un sacré ronchon verrait le verre à moitié vide alors qu'il s'agit d'une troisième victoire consécutive à domicile et, sous une pluie perturbatrice (bravo aux supporters qui ont enduré cela dans les gradins!), du match le plus abouti avec celui d'il y a déjà trop longtemps contre Brive (42-19 le 1er novembre dernier). Fabien Fortassin se réjouit d'enfin trouver une ossature qui tient la route, un groupe qui sait prendre les choses en main, plus nettement encore quand il est dos au mur. "Avec 24 points à une journée de la fin des matches aller, nous ne sommes qu'à deux unités de notre tableau de marche de la saison dernière à même époque, aime-t-il à rappeler, alors qu'on donne l'impression d'être très mal engagés dans ce championnat."
Tout ne va donc pas si mal, et ça irait même carrément mieux depuis quelques semaines sans les soubresauts d'une inconstance parfois coupable. Il est vrai que les certitudes commencent peu à peu à remplacer les doutes qui mettaient trop souvent cette équipe sens dessus dessous.
Restent deux points noirs, puisque nous sommes de perpétuels insatisfaits.
D'abord ces faiblesses de fin de rencontre, encore constatées face au Stade Montois, lorsque le score s'est resserré de 28-13 à la 77e minute - alors qu'on pouvait même entrevoir un bonus offensif - à 28-23 à la sirène. Il suffisait de passer une tête dans le vestiaire des Landais, après le match, pour constater qu'ils étaient comblés avec ce bonus défensif inespéré.
Et puis ce classement qui ne cesse d'inquiéter. Dans une compétition hyper serrée, il est certes intéressant d'avoir relégué le dernier, Nice, à 7 points. Cela offre une respiration. Mais il s'agit d'éviter aussi l'avant-dernière place, synonyme d'un dangereux barrage pour le maintien. Or quelles formations trouve-t-on à portée de des Valentino-Romanais?
Oyonnax? Fraîchement relégué du Top 14, gros budget, place forte du rugby français, relancé par la raclée infligée à Soyaux-Angoulême (53-10), personne ne peut considérer "Oyo" comme un candidat sérieux à la descente.
Aurillac? Plus vieux pensionnaire de la Pro D2, rarement brillant mais toujours accrocheur, le club cantalien sait comment surnager et s'en sortir depuis des décennies, possède les secrets de la survie sur le bout des crampons.
Nevers? La place des Neversois ambitieux et qui montaient en puissance depuis quelques années n'est pas en rapport avec leurs moyens et, d'ailleurs, en enchaînant deux succès consécutifs importants, l'USON indique clairement que le bouleversement de son effectif est en voie de digestion.
Colomiers? Anciens pensionnaires de l'élite, assez stables dans la moitié haute de la hiérarchie, les banlieusards toulousains, toujours attractifs, ont plutôt les yeux tournés vers les six places qualificatives et ont a priori les capacités de rebondir rapidement. Ensuite, tout ce qui se situe au-dessus de la barre des 30 points paraît, à court terme, inaccessible.
On ne va pas s'attarder, alors que le VRDR retrouve des couleurs et semble remettre la marche avant, sur la mésaventure de Bourg-en-Bresse, relégué en 2019 avec pourtant 60 points et 13 victoires en 30 matches, à une époque, il est vrai, où il y avait encore deux descentes directes. On est juste certain que, sauf effondrement inattendu et spectaculaire d'un de ses rivaux, le Valence Romans Drôme Rugby va devoir s'accrocher et batailler jusqu'en mai. Et peut-être même jusqu'à fin mai. Mais cela, tout le monde entre les rives du Rhône et de l'Isère, en a désormais pleinement conscience. Et, quelles que soient les inquiétudes qui demeurent, ces trois succès consécutifs à la maison font un bien fou.
P. Laf.