SUD-OUEST CONNECTION
Cette chronique n'a pas du tout vocation à souffler sur les braises. Bien au contraire. Je veux l'inscrire - ni supporter à tout crin ni donneur de leçon - dans un soutien critique à cette louable et courageuse entreprise de réunir deux cités naguère antagonistes pour tenter d'en faire un bastion du rugby national.
Alors, à un moment où l'équipe professionnelle traverse une crise de résultats, à la veille d'un match contre Nice (ce vendredi à 19h30) qui pourrait s'avérer capital dans sa course à la survie en Pro D2, je vais rafraîchir les mémoires de ceux qui s'inquiètent d'un copinage bigourdan ou d'une mafia gersoise: l'annonce de l'arrivée, en renfort de Fabien Fortassin, de celui qui fut son adjoint au Stadoceste Tarbais, et également formé à Auch, Romain Terrain, a en effet fait naître ce grief.
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Venu à l'été 2023 avec, dans ses bagages, deux joueurs tarbais dont personne ne se plaint du rendement aujourd'hui, Thomas Lhusero et Loan Real, Fortassin active donc une fois encore la filière du Sud-Ouest. Cela attise les grognements de certains, convaincus qu'il suffit de rester dans l'entre-soi du Sud-Est, et plus particulièrement de la vallée du Rhône, où prospèrent un vivier et une culture du ballon ovale de qualité. Il est vrai qu'il y a ici de quoi faire et chacun s'en réjouit. Cette rivalité des terroirs a contribué à l'émulation et aux progrès qui ont poussé le XV de France vers l'excellence. Mais il est vrai aussi qu'un coup d'oeil dans le rétro de nos clubs drômois constitutifs de celui qui se bat les vendredis soirs à Pompidou, prouve que ces greffes à l'accent rocailleux ont souvent bien pris.
Côté valentinois d'abord, chacun se souvient qu'un autre Gersois, passé par Toulouse, a marqué le club et son époque: le grand Elie Cester bien sûr, qui, au tournant des années 70 a fait basculer le Valence Sportif dans sa plus belle dimension. Et ce n'est pas un hasard si la tribune couverte porte aujourd'hui son nom. Mais avant lui, d'autres joueurs venus du Sud-Ouest avaient posé une belle empreinte sur les Baumes: les Tarnais Jean Faletto et Max Gayraud, le Bagnérais Michel Lacome, l'entraîneur toulousain Raymond Barthès, sans oublier Christian Maillol, certes né dans le Var, demi de mêlée (puis entraîneur) formé dans les Pyrénées Orientales... On est là plutôt dans le Grand Midi, cette Septimanie qui n'est plus vraiment dans le Sud-Ouest mais cependant une belle terre de rugby sudiste...
Côté romanais, l'USRP a connu quelques grands noms venus d'Aquitaine et d'Occitanie, à commencer par Robert Soro, "le Lion de Swansea", né tarbais mais qui avait fourbi ses premières armes à Lourdes dans les années 40. Parmi les grands anciens de ces Damiers romano-péageois, également l'Aveyronnais Roger Gensane, le Mauléonnais Jean-Claude Mignaçabal ou encore le Catalan d'Agen Jean-Michel Parent. Sans oublier le très adroit Lucien Rouffia, aussi précis au rugby qu'aux boules, venu de Narbonne et qui a donné son nom au Challenge, magnifique tournoi de jeunes.
Et rappelons que le VRDR, dans sa jeune histoire, a déjà apprécié et apprécie encore les apports du Dacquois Thomas Larrieu, du Tarbais Alexis Armary, du Bordelais Lucas Méret, du Castrais Cyril Deligny et du Biterrois Dorian Marco-Pena...
Les gars venus du Sud-Ouest s'accommodent donc parfaitement du climat drômois, au point, d'ailleurs, que nombre d'entre eux y sont restés pour leur après-carrière. Et si Romain Terrain n'est pas précédé de l'aura d'un Soro ou d'un Cester, cet ancien talonneur passé par Pau, Castres, Biarritz et Perpignan a joué des dizaines de matches de Top 14. Il ne manque donc pas d'expérience. Et de la carrure pour tenir le rôle.
Son recrutement et celui, en cours, d'un directeur sportif sont les gages que l'équipe dirigeante tient son objectif de grandir dans la continuité. Reste à espérer qu'aucun accident sportif ne vienne contrarier ce désir de grandir.
P. Laf.