ENFIN!

Depuis le temps que le coup passait près, depuis le temps que le VRDR collectionnait de malheureux bonus défensifs, depuis le temps que les fins de matches tournaient en eau de boudin et basculaient invariablement en faveur de l'adversaire... En une magnifique victoire à Dax (17-23) à la dernière seconde, à l'issue d'un énorme combat sous la pluie et avec une savonnette en guise de ballon, les Damiers ont balayé toutes leurs soirées d'infortune, une grande partie des doutes qui les escortaient et relancé leur saison. Les perspectives sont désormais claires, ils ont leur avenir entre les mains. En enchaînant dans ce bloc la réception de Biarritz (le 14 février à 19 heures), le déplacement à Agen (le 28 février) et Aurillac à Pompidou (le 7 mars), les hommes de Fortassin vont se mesurer à leurs trois principaux rivaux pour échapper à la place de barragiste. Biarritz est désormais 4 points devant, Aurillac trois et Agen (en souffrance à Montauban, 36-14) n'en possède plus qu'un petit. Des succès contre ces mal classés permettraient d'aborder plus sereinement le redoutable bloc suivant (Provence, Brive, Grenoble et Oyonnax entre fin mars et mi-avril). Encore que...

Parce qu'avec ce qu'ils ont montré à Dax, les Drômois sont capables de réussir des coups partout. La façon dont ils ont arraché ce succès et leur joie au coup de sifflet final montrent qu'ils sont regonflés à bloc et retrouvent confiance en leurs moyens. La première palme est à décerner au pack, qui a parfois souffert mais n'a jamais rompu, qui a su quand il le fallait mettre la tête ou certains n'oseraient pas avancer le pied et qui ont tenu le bras de fer avec l'homologue dacquois, pourtant éléphantesque. La contestation des touches a fait merveille et le premier essai de McCauley sous son nouveau maillot - après contre de Lhusero et beau relais de Bruchet - a récompensé un vaillant parmi les vaillants et mis les Damiers sur la belle orbite d'un nécessaire réalisme. A partir de là, Dax a gambergé et le stade, noyé sous la pluie, a compris que le débat ne s'élèverait guère et serait indécis jusqu'au bout.

Ce le fut, et nous sont revenus en mémoire les propos de Fortassin: "Mes gars sont toujours très forts dans les situations de désordre." Et il est vrai que dans ce match souvent décousu, jamais les Valentino-Romanais n'ont perdu pied ou se sont désunis, même quand les Landais ont eu un long temps fort à la reprise, même quand ils ont été réduits à quatorze.

Leur efficacité défensive, basée sur une inlassable bravoure, a semblé ressusciter. Derrière la mêlée, les chevau-légers ont été à la fois vigilants et percutants, à l'image d'un Rozière éblouissant à l'arrière, aussi bien sous les ballons hauts que dans la relance. Même Lane s'est mis au diapason et a enfin gagné un match cette saison! Et Méret, à 100% de réussite, a montré que ce n'est pas un hasard s'il est le meilleur buteur de Pro D2. 

On fera bien sûr cependant la fine bouche devant l'avalanche de pénalités subies, cette indiscipline qui aurait pu coûter cher une fois encore. Mais c'est juste histoire de mettre un indispensable et salutaire bémol sur un succès qui, ne l'oublions pas, ralentit les Dacquois dans leur course à la qualification. C'est que eux aussi jouaient gros et semblaient remontés comme des coucous...

Il aura donc fallu une 89 des plus classiques, au ras du paquet, pour que Rodor, comme pour oublier ses dernière sorties, vienne, c'est un symbole, faire fructifier tous ces efforts. Quel bonheur! Reste désormais à conserver voire amplifier cette dynamique pour sortir définitivement de l'embarras. 

P. Laf.

LE MOT DU COACH

La réaction de Fabien Fortassin (recueillie par le Dauphiné Libéré): "Sur la dernière action, j'ai dit à Scott Newlands qu'il fallait qu'on marque un essai parce qu'on ne nous donnerait pas de pénalité. Matthieu (Vachon) et Mattéo (Rodor) jouent parfaitement un 3-2 et c'est une délivrance. Sans manquer de respect à Dax, on savait que ce match était plus prenable qu'à Béziers, Brive ou Oyonnax." Un petit tacle du coach à l'arbitre? Quant au capitaine dacquois, Jean-Baptiste Barrère, il était lucide: "Les joueurs du VRDR ont fait le match parfait en scorant à chaque fois qu'ils sont venus ou presque. On s'est fait prendre dans l'intensité."