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La Chronique des Damiers

çA JOUE!

28 Septembre 2023

Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus, vous avez sans doute vu les images comme moi et/ou lu et entendu les commentaires. Et même si je sais que beaucoup d'entre vous en ont assez de l'expression "défaite encourageante", il va bien falloir l'accepter pour ce revers en terre bretonne (24-39).

Au plan comptable, ce n'est pas bon du tout, mais la frustration, largement exprimée par les joueurs et le staff, de ne pas avoir pris le moindre point - et le VRDR est l'une des trois seules équipes dans ce cas sur cette sixième journée, avec les deux derniers au classement, Aurillac et Rouen - en dit long sur ce que les Damiers ont montré et pu espérer pendant 50 minutes. Priver Vannes du bonus offensif ne rapporte rien, faire douter leurs plus de 10 000 supporters pendant plus d'une mi-temps - il faut lire leurs commentaires sur les réseaux sociaux pour voir par quelles affres ils sont passés... - non plus, mais l'équipe revient de ce déplacement avec la confirmation qu'elle est au niveau - Vannes, leader invaincu, n'avait jamais encaissé 24 points cette saison - et que sa volonté de jouer, encore et encore, est à la fois séduisante, en entretenant l'enthousiasme et la foi, et une garantie de résultats pour l'avenir.

Cette soudaine tempête subie à partir du moment où fut changée une première ligne conquérante (essais pour Aléo et Goze, quasi-essai pour Marco Peña) - sans qu'il faille y voir une relation directe de cause à effet - ne doit pas faire oublier les intentions et même la maîtrise d'un XV qui avait dû être remanié juste avant le coup d'envoi à cause de l'état fiévreux de Massot. Ce qui a dû perturber le plan de Fortassin.

Cette façon d'aller jouer crânement sa chance chez un cador, le spectacle ainsi fourni, ce cinquième essai personnel somptueux dans sa conception, plein de culot de Mawalu, s'ils ne suffisent pas au bonheur des supporters, démontrent que ce VRDR new look est sur la bonne voie. Il lui faudra juste encore concrétiser ses belles dispositions par une victoire sur Rouen le 13 octobre. Parce que la qualité du jeu, quand on rencontre des adversaires de bas de tableau et dans la difficulté, ne doit pas éclipser la nécessité de prendre des points au classement dans une Pro D2 plus serrée que jamais: Mont-de-Marsan, qui avait débuté par trois défaites consécutives, est aujourd'hui 5e et souriant...

P. Laf.

Moseses Mawalu a inscrit son cinquième essai personnel et les premier des trois du VRDR à Vannes                           (capture d'écran Canal + Sport)

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Un pari sympa!

26 Septembre 2023

Je ne serai pas à Vannes - et même pas vraiment devant ma télé, puisque je me trouverai à Lyon pour Uruguay-Namibie, un rendez-vous prévu de longue date...- et ça me titille... Parce que, décidément, ce Fortassin est un sacré parieur! Et comme tout - ou presque - lui sourit depuis le début de saison, on a envie de constater, de visu, si son nouveau banco sera gagnant...

En titularisant une première ligne Aléo-Marco Peña-Goze, il revient à une formule qu'il n'a plus testée depuis la première journée et une décevante entame (défaite 20 à 3). Une première ligne qu'il avait d'ailleurs entièrement remplacée dès le début de la seconde période. Le manager général avait justifié son choix de faire confiance à ces trois garçons par une "prime" donnée à ceux qui avaient conquis le titre de Nationale et gagné sur le terrain le droit de jouer en Pro D2. Un choix louable, bien dans l'esprit d'un coach pour qui l'aspect humain est essentiel mais que les faits n'avaient alors pas vraiment validé.

L'eau a coulé depuis, le long des berges du Rhône et de l'Isère, et ces deux piliers de devoir et ce talonneur expérimenté ont depuis montré qu'ils avaient le niveau au fil des cinq rencontres du premier bloc. Et sans doute aussi grâce à leur implication à l'entraînement. Alors, c'est aussi bien dans l'esprit du coach, de leur redonner sa confiance et une belle chance. C'est bien dans son esprit aussi d'être fidèle à sa ligne de conduite, récompensée par une troisième place au classement, en montrant au groupe que tout le monde a son rôle à jouer et qu'il croit fermement qu'une première ligne issue de la Nationale a les moyens de tenir tête à celle des leaders invaincus du championnat. Les premières mêlées et les premiers alignements seront donc scrutés avec attention. Mais, comme le dit cet entraîneur atypique, appuyé sur 14 points magnifiquement conquis par les siens, "nous allons à Vannes sans pression". Mais pas sans ambition et Aléo, Marco Peña et Goze, gonflés par le crédit qui leur est ainsi accordé, auront à coeur de la porter haut et fort.

Pour le reste du XV de départ, aucune surprise notable, avec la présence de Goumat pour épauler Massot (soit un pack avec seulement deux recrues dans le huit de départ) et des lignes arrières "classiques" et percutantes au vu des matches précédents.

Plus l'échéance approche, plus nous avons hâte. Je brancherai mon iPhone sur Rugby + au Groupama Stadium!

P. Laf.

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"Etre à la hauteur" à Vannes

22 Septembre 2023

"C'est un privilège que d'aller défier le leader invaincu chez lui, dans un stade qui sera plein, à l'ambiance chaude." Fabien Fortassin est impatient de voir son équipe "relever le challenge" que lui propose Vannes (mercredi 27 à 19h45): "Ce match tombe parfaitement pour s'évaluer face à ce qui se fait de mieux en Pro D2, poursuit-il. Nous sommes dans une dynamique positive, avec une pression moindre, j'espère que mes garçons prendront beaucoup de plaisir, feront honneur à cet adversaire en montrant leur meilleur visage, avec un maximum d'engagement, un investissement total."

Ce match isolé entre deux blocs offre en effet tous les atouts pour que les deux équipes soient au top de leur niveau. Le VRDR déplore très peu d'absents dans ses rangs: hormis les blessés "longue durée" (Philippe Laville et Léopold Dupas), seuls Darrell Dyer, Sven Girlando, Loan Real, Dylan Hayes et Gauthier Minguillon ne seront pas encore aptes à aller en Bretagne. Et l'immense deuxième ligne australien Ryan McCauley sera enfin opérationnel et devrait apparaître sur sa première feuille de match de la saison. 

                      Ryan McCauley va sans doute faire sa première apparition de la saison à Vannes (Photo VRDR)

"Je vais bien sûr aligner la meilleure équipe possible", assure le manager général sans déjà en dévoiler la composition. A vos pronostics! 

Mais ce dont il est sûr, c'est que "nous prendrons beaucoup d'infos, ce match nous fera grandir". Avec l'espoir que son XV pourra "être à la hauteur de l'événement" parce que, "après de belle perfs à domicile, c'est souvent à l'extérieur qu'on juge le coeur et l'âme d'un groupe".

On sent l'encadrement confiant, appuyé sur les perspectives qu'offrent une conquête retrouvée, notamment en touche, et les stats (publiées par Le Dauphiné Libéré) qui prouvent que le VRDR sait se discipliner (seulement deux cartons jaunes en cinq matches, plus faible total à ce stade de la compétition, à égalité avec Grenoble et... Vannes) et qu'il a les moyens de concurrencer son hôte sur un de ses points forts: les deux formations possèdent en effet les deux meilleures défenses de Pro D2 après ce premier bloc.

"Mais attention! prévient Fortassin. Montauban avait également les voyants au vert avant son déplacement à Vannes et les Tarn-et-Garonnais y ont encaissé un 41-0! Soyons vigilants et restons concentrés nous sur ce que nous savons faire!"

Le staff aura trois jours pour mettre ses hommes en garde et dans les meilleures conditions: lundi, jour du déplacement en bus; mardi, avec un léger entraînement, la mise en place et d'éventuels soins en étant déjà sur site; et mercredi pour un jour classique de match.

Tout le monde a hâte de le vivre!

P. Laf.

 

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FABIEN FORTASSIN, LE GRAND ENTRETIEN

21 Septembre 2023

Il est un peu tôt pour déjà le surnommer "Fabulous Fab", comme sur la page du concours de pronostics "Coupe du monde 2023" interne au club (où il est provisoirement 5e sur 46). Mais si je suis venu à la rencontre de Fabien Fortassin c'est que ce manager général – également entraîneur des lignes arrières, ne l'oublions pas! - qui séduit tous ceux qui s'intéressent au rugby dans la Drôme – et même dans l'Ardèche! - est encore un relatif inconnu aux yeux du public.

Le joueur, deux fois meilleur buteur et réalisateur de Pro D2, a entre autres, largement contribué à l'irruption du Stade Rochelais au plus haut niveau. Restait à savoir ce qui guide ce nouveau coach en chef du VRDR. Ses réponses.

             Photo VRDR

- A travers votre équipe, son jeu et ses résultats, savez-vous que vous créez un engouement inédit dans la région?

 

- Oui, je m'en rends compte. On m'avait brossé le portrait d'un environnement du club pas vraiment bouillant avec un stade plutôt froid à cause de sa configuration et son ancienneté et où il n'y avait pas souvent foule. Cela correspondait plus ou moins à ce que j'avais pu constater en y venant avec Tarbes. Et là, il est vrai que le scénario du premier match à Pompidou (victoire 55-0 sur Biarritz) et notre bon début de saison ont garni les travées, créé une ambiance, les supporters nous ont poussés. C'est une agréable surprise et on espère que le public continuera à tenir ce rôle de 16e homme dans les moments difficiles. En tous cas, ce fut déjà le cas quand nous avons eu une période un peu plus dure contre Colomiers, le public a joué sa partition. C'est toujours plus compliqué d'aller gagner chez une équipe qui bénéficie d'un solide soutien populaire.

 

- Un écran géant ne pourrait-il pas amplifier ce soutien?

 

- Si, bien sûr, et c'est un point qu'on a déjà abordé avec les dirigeants. Quand un ralenti passe sur grand écran et non pas simplement sur une petite télé en bord du terrain, quand tout le monde peut le voir et que le stade se met à gronder, cela exerce une pression inconsciente sur la décision arbitrale. C'est un détail mais il a son importance et cet équipement ne pourrait que nous être bénéfique.

 

"J'AI L'EFFECTIF POUR METTRE EN OEUVRE LE RUGBY QUE J'AIME"

 

- Vous avez une grand part dans cet engouement, lié à votre façon de faire jouer l'équipe...

 

- La fin de saison dernière était déjà très bonne. J'ai suivi de près la conquête du titre de Nationale et les matches du VRDR étaient bien aboutis, bien complets. Je m'adapte simplement aux joueurs à ma disposition. À Tarbes, j'avais déjà les mêmes idées mais pas forcément les joueurs pour me permettre de les appliquer. Aujourd'hui, j'ai l'effectif pour porter et mettre en oeuvre ma façon de voir, le rugby que j'aime. Et s'il y a la manière, on accroche plus facilement le public. L'important, désormais, c'est que ça dure.

 

- Votre venue avait pourtant été accompagnée d'un certain scepticisme au vu de votre manque de références dans la carrière d'entraîneur à haut niveau...

 

- Franchement, je le comprends, c'est logique. Je n'avais pas une grosse carte de visite en tant que coach mais j'ai joué en Pro D2 pendant dix ou douze saisons. Même si ce championnat a évolué, j'en connais les exigences. Relever ce défi au VRDR était une manière de me mettre en danger, de sortir de mon confort comme j'avais aimé le faire quand j'étais joueur. À Tarbes, les moyens étaient limités et, dans un environnement que je connaissais, la tradition exige un rugby porté sur le jeu d'avants, la conquête, le combat, pas forcément le rugby que je prône même s'il s'appuie sur les fondamentaux de notre sport. Là-bas, les supporters s'enthousiasmaient plus pour une mêlée chahutée qu'un essai de 80 mètres au bout de plusieurs temps de jeu. Ils jugeaient la performance des joueurs à la couleur de leurs maillots en fin de match. Et s'il était propre, c'est que le joueur n'était pas bon. Alors que le rugby est plus complexe que ça. J'avais une idée précise de ce que je voulais mettre en place, avec bien sûr des appréhensions, et j'étais impatient de m'évaluer.

 

"SI ON ARRIVE À CRÉER UNE IDENTITÉ "JOUEUSE", CE SERA POSITIF"

 

- Y a-t-il une différence entre le rugby du Sud-Ouest, celui d'où vous êtes issu, et celui du Sud-Est?

 

- Ici, je ressens un petit peu un peu moins le côté chauvinisme, terroir, forteresse à défendre. Dans le Sud-Ouest, il est primordial de ne jamais perdre à domicile et cela crée une exigence qui peut se transformer en inconvénient. Moi, je ne mets plus cette pression aux joueurs. L'avantage avec le VRDR, c'est que le club est jeune, il n'y a pas encore d'inconscient culturel collectif. À Toulouse, même s'il y a toujours eu un pack monstrueux, c'est le jeu de mouvement, celui des trois-quarts qui prime. À Tarbes ou à Auch, on regarde d'abord les avants. Ici, rien n'est ancré, rien n'est écrit, je suis assez libre dans mes choix, je n'ai pas à essayer de me conformer à un style "historique". Si on arrive à créer une identité "joueuse" ce sera positif, Tant mieux si ça plaît, si ça gagne et que c'est agréable pour spectateurs et joueurs.

 

- À l'occasion de la venue de Brive, on a beaucoup parlé de votre lien avec Patrice Collazo mais vous avez évoqué l'influence d'autres entraîneurs...

 

- Mon vrai mentor, le gars qui m'a donné envie d'être entraîneur, mon père spirituel en quelque sorte, c'est Laurent Labit (actuel adjoint de Fabien Galthié dans le staff du XV de France, chargé des lignes arrières). Je ne l'ai eu que deux ans à Montauban pourtant, mais sa façon de voir notre sport et de manager les joueurs me plaisait énormément. Mais j'ai aussi croisé d'autres sacrés bons entraîneurs, comme Pierre-Henry Broncan à Tarbes: on évoque souvent son côté brut de décoffrage, Auscitain de terroir, mais c'est un fin tacticien qui connaît son rugby sur le bout des doigts. J'ai essayé de piocher chez chacun pour élaborer ma version à moi. En tant qu'ancien trois-quarts ou 10, je me suis forcément plus inspiré de ceux qui jouaient derrière mais Patrice Collazo m'a beaucoup apporté sur l'aspect humain: il traite de la même manière un All Black aux 80 sélections et un jeune de vingt ans. Même s'il y a certains statuts à respecter, c'est intéressant de loger tout le monde à la même enseigne quand il s'agit de juger le niveau de performance.

 

- L'ancien capitaine du VRDR Alexis Armary, revenu à Tarbes, regrettait récemment, dans une interview, que les Bigourdans soient incapables d'opérer une fusion du style Valence-Romans pour créer un club plus amibitieux. Partagez-vous ce regret?

 

- Le rugby d'aujourd'hui dépend beaucoup de l'argent. Et des villes moyennes peuvent se retrouver en difficulté pour suivre le rythme. De tels rapprochements sont parfois nécessaires et souvent productifs. Du côté de Tarbes, Lourdes, Lannemezan, Bagnères, les mentalités n'ont pas encore évolué, c'est compliqué. Ici dans la Drôme, je ressens parfois les séquelles des anciennes rivalités mais il n'y a rien de méchant, on se titille, ça reste bon enfant. Et le projet de développement que la fusion a permis est très prometteur. Quand j'ai effectué mes premières visites à Porchier, j'ai été très étonné par le niveau des infrastructures, l'implication du personnel du club, les perspectives qui sont ouvertes. Le VRDR a des bases solides pour pouvoir grandir et cela réussira, je n'ai pas de doutes. Tant que ça fonctionnera ainsi, avec Laurent (Beaugiraud) et Jean-Pierre (Cheval) à sa tête, les beaux jours sont à venir.

 

 

"POUR LE RECRUTEMENT DES JOUEURS, J'AI EU LES MAINS LIBRES"

 

- Y a-t-il eu une transmission entre Johann Authier et vous-même?

 

- Oui bien sûr. Dès que j'ai signé, en février dernier, j'ai passé deux bonnes heures en tête-à-tête avec lui. Puis, à chaque fois que je suis revenu, au printemps, nous nous sommes revus. On a finalement peu parlé rugby, on est à peu près de la même génération, avec des expériences voisines et chacun a ses idées. Mais il m'a vraiment aidé à connaître le club, à repérer ses points forts et faibles, ce à quoi je devrai être attentif. Ses conseils ont été bénéfiques, il m'a passé le relais avec bienveillance et enthousiasme.

 

 

- Avez-vous eu la haute main sur la constitution du staff et le recrutement?

 

- Pour l'encadrement, c'était assez simple. Je n'avais pas grand monde à amener avec moi et ici ça travaillait bien. À partir du moment où les gens en place étaient prêts à bosser avec moi, ça m'allait. Je n'avais aucun intérêt à écarter des personnes qui connaissent le club et les joueurs. La seule petite nouveauté, c'était l'appel à Vincent Pelo, qui réorientait sa carrière et était un plus pour moi qui ai joué avec lui à La Rochelle. Pour le recrutement des joueurs, à part pour ceux qui avaient prolongé avant que je signe, j'ai eu les mains libres. J'ai pu faire ce que je voulais, en échangeant avec Scott (Newlands) notamment pour les avants, et j'ai défini certains profils tout en tenant compte de l'aspect financier en accord avec les présidents et la direction. Dès que l'annonce a été faite de mon arrivée au club, les agents m'ont contacté et envoyé énormément de CV. Je me suis fixé une ligne, comme je le faisais à Tarbes, mais avec plus de moyens, donc plus de choix et, forcément, la crainte de se tromper.

 

- Notamment avec les recrues originaires d'autres continents dont plusieurs n'avaient même jamais joué en Europe...

 

- Les agents présentent cet avantage qu'ils vous proposent des garçons du monde entier. Mais évidemment, il faut trier, et cela passe par des heures de visionnage de matches. J'ai pris beaucoup de temps pour ça, au cours des déplacements en bus avec Tarbes, le soir chez moi... J'ai par exemple vu toutes les rencontres de NPC (championnat des provinces néo-zélandaises) de Te Tamaki, toutes celles de Currie Cup (championnat sud-africain) de Bholi ou encore celles, en Irlande, de Milasinovich. Et puis, une fois qu'on a apprécié ce qu'ils peuvent apporter au plan sportif, il faut aussi se renseigner sur leurs qualités humaines, évaluer leur motivation. Cela passe par des coups de téléphone, des réunions en visio avec les joueurs. C'est un travail invisible que j'adore. D'ailleurs, je suis adepte depuis longtemps du jeu "Football Manager" et là je joue en vrai!

 

- Vous maîtrisez bien l'anglais?

 

- Je possède le minimum syndical pour "parler le rugby", échanger sur le jeu, donner des consignes depuis le bord de touche. Pour le quotidien, la présence de Scott (qui est écossais) est précieuse.

 

 

"VISER TRÈS HAUT ET S'EN DONNER LES MOYENS"

 

 

- Une des phrases que Canal + Sport a "volées" quand vous parliez à vos joueurs après VRDR-Brive (45-10) a interpellé. Qu'entendiez-vous par "Si vous continuez à être aussi déterminés et efficaces, on devrait avoir de bonnes surprises en février-mars"?

 

- Je pensais plutôt mars-avril... L'idée, c'est ne pas se contenter de ce qu'on a mais de viser très haut et de s'en donner les moyens. Leur faire comprendre qu'ils ont un gros potentiel et une marge de progression qui peut nous amener, au printemps, à ne pas regarder vers le bas mais vers le haut. On doit rivaliser le plus possible et le plus longtemps possible. Même si je ne leur fixe pas d'objectifs de résultats, on n'a pas d'oeillères, on regarde quand même le classement. Et c'est toujours intéressant de voir au-dessus. Seuls les objectifs élevés font progresser. Rien ne nous interdit de rêver en grand, d'avoir les rêves les plus fous mais attention, sans s'emballer, sans euphorie, en sachant d'où l'on vient et en restant humbles. J'ai beaucoup de certitudes dans le jeu et dans mon effectif mais la saison est longue, semée d'embûches, et ça peut vite basculer.

 

- D'autant qu'il s'agit d'un championnat hyper serré, on n'avait jamais vu, en Pro D2, un dernier du classement avec déjà huit points après cinq journées...

 

- Quand on regarde l'historique, le maintien s'acquiert généralement sans souci à 55 voire 60 points. Mais peut-être que cette année, avec ce total, on peut quand même se retrouver menacé. Dans le même temps, si le bas de tableau marque plus de points, c'est que le haut en prend moins. Ça rend les choses passionnantes avec, pourquoi pas, un mois d'avril où l'on ne serait loin ni de la 6e place ni de la 15e... Rien n'est à exclure.

 

- Votre prochain objectif est un résultat à l'extérieur. C'est quelque chose qu'on peut cibler?

 

- Ça ne se cible pas mais ça se prépare. On doit se mettre en mesure d'aller gagner un match loin de nos bases. La semaine prochaine (match à Vannes le mercredi 27 septembre), le contexte est favorable avec un beau délai avant et après, un groupe quasi au complet et qui a beaucoup d'envie. On doit se mettre en situation d'inquiéter l'adversaire et de livrer le meilleur contenu possible. On a déjà essayé à Nevers, en faisant pas mal tourner, et on n'était pas loin de revenir dans le coup en début de seconde période. On doit insister encore, en y mettant encore plus de consistance et d'intensité. Se montrer plus dangereux.

 

- Même à Vannes, chez le leader?

 

- Vannes est un gros morceau, premier et invaincu, bien structuré au fil des années, qui travaille dans la continuité avec le même manager depuis longtemps (Jean-Noël Spitzer, depuis 2005). Un gros morceau comme d'autres, parce qu'il ne sera pas facile d'aller s'imposer à Dax ou à Rouen, comme il n'est pas facile pour les visiteurs de s'imposer à Pompidou. C'est la beauté de cette compétition qui oblige à toujours remettre le couvert très vite. Vous sortez une super performance? Eh bien, à peine le temps de souffler et tout repart de zéro! La différence se fait sur la capacité à enchaîner en se remettant en question. Mon rôle et de donner confiance quoi qu'il arrive et de calmer toute envie de s'enflammer. Je constate que, après chaque sortie, on a continué à bosser sérieusement, correctement et ça c'est positif.

 

- Le contrat de Jemal Shatirishvili a été résilié. Vous allez le remplacer?

 

- Oui parce qu'il nous faut un pilier droit supplémentaire même si le jeune Mathis Roume a déjà fait une première apparition positive chez les pros. Le règlement nous y autorise, il n'y a pas d'urgence absolue, nous y travaillons, nous avons des pistes et cela se concrétisera au plus tard en octobre.

 

- Des nouvelles des blessés "longue durée"?

 

- Philippe Laville bosse au quotidien avec un préparateur physique, il est presque en avance, il a repris la course la course à intensité élevée. On en est à quatre mois et demi et il n'est pas question de précipiter son retour. Je pense qu'on pourra compter sur lui, sans prise de risque, début janvier. Le schéma est à peu près le même pour Léopold Dupas (les deux ont subi une rupture des ligaments croisés). Et l'un comme l'autre ont envie de regoûter au terrain, surtout quand lis voient leurs équipiers prendre ce plaisir!

 

- Vous avez des soucis à l'arrière?

 

- Moins, parce que George Worth peut s'entraîner normalement, il est revenu à 100% et est opérationnel. Gauthier Minguillon a l'épaule encore douloureuse mais les examens sont rassurants, il n'y a rien de grave.

 

- Et chez les avants?

 

- Ryan McCauley a repris complètement et va pouvoir postuler. Encore quelques contrariétés en troisième ligne, avec les blessures de Sven Girlando (épaule) et Loan Real (pied). Mais je ne suis pas inquiet: nous avons la quantité et la qualité.

 

Recueilli par P. Laf.

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L'hymne à la joie

14 Septembre 2023

Vous avez sans doute vu les images à la télé, entendu les commentaires de Valéry Lombardo sur Bleu Drôme-Ardèche ou lu les comptes-rendus du Dauphiné Libéré. Il est donc inutile de vous narrer ce nouveau bel épisode des aventures du VRDR en Pro D2.

Je vais en revanche mettre l'accent sur l'enthousiasme ambiant et communicatif qui règne désormais à chaque prestation des Damiers à Pompidou où l'on a très rarement vu autant de sourires, de tapes sur l'épaule, de clins d'oeil, de gens heureux dans des tribunes largement garnies. Le VRDR fait plaisir à voir, et ses rencontres à domicile embarquent dans son tourbillon un public souvent réputé difficile, peu démonstratif et chaleureux. Les mines étaient réjouies chez les supporters, ou incrédules pour ceux qui ne viennent pas à chaque match, il y a une vie qui s'installe et prospère dans cette enceinte pourtant pas vraiment conçue pour favoriser les allégresses collectives, les coeurs sont conquis. Y a d'la joie! Oui, il se passe quelque chose cette saison à Pompidou.

C'est, entre autres et d'abord, à un homme qu'on le doit, à ce Fabien Fortassin qui avait suscité le doute, vu la minceur de ses références, lorsque les présidents - rendons hommage à leur flair - étaient allés le chercher à Tarbes. Ce Fortassin qui, après ce nouveau triomphe devant Brive (45-10), se réjouissait de cette inédite "complicité avec le public": "Il se crée ici une atmosphère qui nous donne un surcroît d'énergie, qui transcende les joueurs, et cela n'a pas de prix." D'autant plus précieux qu'on mesure d'où l'on partait. 

Un parfum de félicité flotte donc de Porchier à la Chamberlière et ne comptez pas sur le coach pour le laisser muer en euphorie: "Nous aurons des moments délicats, j'espère juste qu'ils arriveront le plus tard possible et que nous saurons les traverser sans trop de dommages", tempérait-il avant d'entendre, une bière à la main, son talonneur, Dorian Marco Peña, exprimer son bonheur sur le terrain: "On s'amuse, on prend du plaisir!" savourait l'ancien Biterrois qui, dans une rencontre que les siens avaient su rendre à sens unique, profitait des bienfaits d'une conquête retrouvée. Reine du grattage en ce mercredi soir, la mêlée drômoise avait balayé tous les doutes sous sa poussée et la touche était, comme par miracle - "mais c'est du travail à l'entraînement vous savez!" -, redevenue une magnifique pourvoyeuse de munitions.

La mise en garde, qui accompagnera les discours du staff toute la saison, n'empêchait pas de profiter de l'instant. De ces instants qui s'étirent et se répètent: "Ce sont les succès d'un groupe et d'un club qui travaillent bien, qui fonctionnent bien, précise Fortassin au moment de soupeser les fruits dans son panier. En être là après cinq journées, ce n'est plus anecdotique, et maintenant on veut plus, toujours plus. Je ne cesse de répéter aux gars: "Jouez au rugby! Ne vous mettez pas de limites." Ce sont de bons joueurs de rugby, qui sont en train de devenir une bonne équipe, avec encore une marge de progression." Ce qui promet. Sachant que "le plus dur est de conserver une régularité sur la longueur". Mais bon, comme le souligne le coach en chef, "battre successivement trois anciens champions d'Europe ou vice-champions d'Europe, même si ça date un peu (Biarritz en 2006, 2010 et 2012; Colomiers 1998; Brive 1997 et 1998), ce n'est pas rien!" En chargeant leurs barques de 126 points au total! ça vous donne une carrure. 

L'effectif semble plus étoffé et complet qu'initialement imaginé dans toutes ses lignes, les finisseurs ayant par exemple, largement contribué au 22-0 infligé à Brive en seconde période. Il n'y a plus de doute sur un niveau qui permet au VRDR de rivaliser dans un championnat hyper serré (les derniers, Rouen et... Biarritz, ont déjà huit points) où chaque unité comptera. "Avec ces deux bonus offensifs, c'est comme si nous avions trois victoires et un nul après ce premier bloc", constate avec plaisir Fortassin qui rechigne pourtant à compter. "Notre seule mission: faire notre job et ne pas se préoccuper des autres", répète-t-il comme un mantra (1).

Alors on va compter pour lui: un promu à 14 points ou plus après cinq rencontres, c'est une rareté, exploit seulement réalisé par Soyaux-Angoulême (16 points en 2017) et Bourgoin (14 en 2014). Les deux clubs s'étaient ainsi assuré le confort nécessaire pour traverser leur saison sans se faire trop peur. On a hâte de vivre la suite de celle du VRDR, si joueur, joyeux et conquérant qu'il ne risque pas de s'endormir sur son matelas.

Que la joie demeure!

P. Laf.

(1)  L'annonce de la résiliation du contrat de Jamal Shatirishvili, le pilier géorgien arrivé en surpoids de Nice cet été, intervient comme l'illustration des impératifs d'exigence et de rigueur du staff drômois.

           Les mots du coach à son équipe après la victoire sur Brive captés par les caméras de Canal + Sport.

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L'élève dépassera-t-il le maître?

12 Septembre 2023

Elle est bien révolue l'époque du rugby plus tout à fait amateur et pas vraiment professionnel d'il y a quelques décennies désormais, quand un club attirait un joueur en lui offrant un commerce ou bien un portefeuille d'assurances. Souvent le recruté faisait souche dans son nouveau fief, son activité prospérait, il y terminait sa carrière et y demeurait bien après. Beaucoup d'exemples d'implantations réussies dans notre vallée du Rhône escortent nos souvenirs.

Aujourd'hui le professionnalisme crée de nouvelles trajectoires, plus hachées ou sinusoïdales, et multiplie les occasions de retrouver certains amis en compagnie desquels on a effectué un bout de chemin avant de se séparer. Ainsi pour Fabien Fortassin, le coach drômois, qui après Montauban (où il a découvert le Top 14) et Biarritz (où il terminé son parcours de joueur avant d'intégrer le staff), se retrouve ce mercredi soir face à Brive et, surtout, Patrice Collazo, qui fut son entraîneur lorsque tous deux et leur bande rochelaise ramenèrent les Maritimes en Top 14, en mai 2014. "Notre relation a toujours été forte, rappelle aujourd'hui Fortassin. Nous avons vécu ensemble une belle aventure sportive et humaine, Patrice est un entraîneur qui m'a marqué et m'a incité à marche sur ses traces, m'a aidé à comprendre que ce métier pourrait être le mien. J'espère juste que, pour un soir, l'élève pourra dépasser le maître!"

Le sourire du manager des Damiers en dit long sur le respect et l'amitié qui le lient à celui du CAB, mais aussi sur son envie de prouver qu'il a bien fait sienne l'expérience que Collazo lui a fait partager au cours de trois saisons sous les mêmes couleurs. Une preuve qui sera bien sûr difficile à concrétiser et administrer: "Nous sommes déterminés à demeurer invaincus à domicile", assène le talonneur Dorian Marco Peña, bien conscient que rester maître chez soi est devenu indispensable en Pro D2: trois victoires à l'extérieur seulement et deux matches nuls en quatre journées! "Les Brivistes sont solides, s'appuient sur de gros porteurs, à nous de les déplacer et d'imposer notre rythme, poursuit celui qui portera le numéro 2 ce jeudi. On a bien bossé, on a les clés." Le discours est assuré malgré le bémol de la touche, toujours en chantier, et dont il sera ce jeudi le premier lanceur: "C'est frustrant de se faire contrer et de se priver de ces munitions, avoue l'ancien Biterrois. Mais ça va revenir, nous allons retrouver les bonnes zones et les bonnes sensations."

            La mise en place fut sérieuse et joyeuse ce mercredi sous le soleil de Pompidou.

En en acceptant l'augure, ce VRDR va pouvoir et devoir "se focaliser sur ce que l'on sait faire", comme le martèle Fortassin. "Ce n'est pas plus mal que ce soit un gros de la poule qui se présente encore à Pompidou, ça booste les énergies et la concentration, ça empêche tout phénomène de décompression, même insensible et inconsciente." Et d'entretenir la flamme et l'ambition avec quelques assurances: "A priori, Brive est une équipe au profil qui nous laisse dans notre fil conducteur, avec notre capacité à créer du mouvement et donner du volume, à déplacer le jeu. Mais attention, sans jouer à la baballe, en alternant avec un jeu au pied de pression, une occupation territoriale qui les oblige à courir."

Le boss, qui s'attend à "un gros combat devant", a choisi une formule "6-2" (six avants et deux arrières) pour ses finisseurs: "Il y aura une grosse débauche d'énergie au niveau du pack, il va falloir insuffler de la fraîcheur. Et comme nous avons pas mal de polyvalence derrière..."

Il va falloir aussi faire sans deux garçons qui ont apporté beaucoup ces dernières semaines, Darrell Dyer (qui se remet doucement d'une commotion subie face à Colomiers) et Gauthier Minguillon (touché à l'épaule à Nevers, un tendon semble-t-il abîmé) mais avec des rentrants "que je sens enthousiastes, très désireux d'être sur le terrain". Un seul des titulaires à Nevers (le capitaine Axel Bruchet) le sera encore ce soir parmi les 13 qui enchaîneront les deux feuilles de match à six jours d'intervalle.

Y a plus qu'à... Mais Collazo va mettre en garde ses hommes: il connaît parfaitement le chef d'orchestre de la maison d'en face, il sait à qui il a affaire, et aucun effet de surprise ne peut plus fonctionner à Pompidou, même envers les favoris. Ce qui est plutôt bon signe pour le VRDR.

P. Laf.

La composition du VRDR: Royer, Marco Peña, Milasinovich - Massot, Maamry - Burchet (cap.), Iashagashvili, Bholi - Menzel (m), Méret (o) - Mawalu, Guillomot, Neiceru, Vargas - Bouldoire. Rempl.: Pontanier, Humbert, Goze, Goumat, Roux, Brayer, Lhusero, Pauvert.

 

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Encore une affiche!

12 Septembre 2023

Le bloc des cinq premières rencontres va se terminer, ce mercredi à Pompidou, par la nouvelle réception d'un grand nom du rugby français et gros bras de la Pro D2. Relégué de Top 14 à l'issue du dernier exercice, Brive ne souhaite pas s'éterniser à l'étage inférieur comme l'exigent à la fois son budget (environ deux fois supérieur à celui du VRDR) et son étiquette. Le CAB compte en effet parmi les clubs les plus huppés de l'Hexagone, vainqueur de la Coupe d'Europe, quatre fois finaliste du Championnat de France et lauréat de feu le Challenge du Manoir. Et même si tout cela date de la fin du siècle dernier, les Brivistes, soutenus par un public fidèle et la force de leur institution, ont les moyens et les crocs pour nourrir de hautes ambitions. 

La tâche de cette reconquête a été confiée à un entraîneur charismatique, Patrice Collazo (qui a bien connu Fabien Fortassin à La Rochelle, je vous en reparlerai par ailleurs), lequel peut s'appuyer sur une victoire des siens (17-6), jeudi dernier, face à Provence Rugby alors leader invaincu. Paradoxalement, ce succès n'a pas satisfait le coach qui a jugé la production de son équipe "le match le moins abouti depuis le début de la saison". Et, parmi "peu de points positifs", le coach corrézien a surtout mis en avant sa défense puisque Provence, qui se présentait au stade Amédée-Domenech avec la meilleure attaque de Pro D2, en est repartie sans avoir pu marquer le moindre essai malgré quatre belles occasions de concrétiser.

                                       Patrice Collazo

Infos ou intox?

Deux échos parviennent de Brive, avant que Collazo annonce la composition de son XV tout à l'heure:

1. Les indisponibilités seraient nombreuses, à commencer par celle de Stuart Olding, le brillantissime arrière international irlandais, mais aussi celles de Timani, Voisin, Brennan, Van Eerten, Léo Carbonneau ou encore Warren-Vosayaco, autant de titulaires réguliers ou en puissance.

2. L'option serait de faire pas mal tourner l'effectif pour rattraper un retard certain par rapport au règlement sur les JIFF (joueurs issus des filières de formation). Rappelons cette obligation: les clubs doivent aligner sur les feuilles de match 16 joueurs "JIFF" en moyenne sous peine de se voir infliger de lourdes pénalités en points.

Il est parfois de bonne stratégie d'avertir qu'on arrivera diminué, sans toutes ses forces vives, pour éventuellement provoquer un excès de confiance chez son hôte. L'avenir dira vite s'il s'agit d'infos confirmées ou d'une petite tentative d'intox...

Rappelons le bilan cette saison de Brive, qui débarquera à Pompidou avec 10 points (soit un de plus que le VRDR) et une cinquième place au classement: deux victoires face à Béziers (35-5, bonus offensif) et Provence (17-6) et deux défaites à Agen (29-32, bonus défensif) et Montauban (34-28). 

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Chacun son chemin (8 septembre 2023)

11 Septembre 2023

C'était ma première au Pré Fleuri et dès l'entrée au stade, on sait où l'on met les pieds: dans l'antre d'un club qui lorgne le Top 14. Rien d'ostentatoire pourtant, un format de bonbonnière, un côté champêtre même, comme le nom le suggère, mais tout est huilé, ordonnancé, tourné et concentré sur la performance. De la chaleur (pas seulement en raison de la température caniculaire) et de la rigueur. On sait vous accueillir mais on n'est pas là pour rigoler. Et d'ailleurs, malgré le 35-5 et le point de bonus (dont il s'est dit "heureux"), Xavier Péméja, l'emblématique et exigeant manager de Nevers, a surtout regretté le "manque de sérieux" de ses joueurs dans la seconde partie de la première période, quand ils ont connu ce trou d'air qui a faillir remettre le VRDR dans le match. Il le regrettait tout en rendant hommage au "joli groupe de Romans (sic), aux bons petits joueurs qui vont vite et qui nous fait trembler un moment". Avec cette précision: "Pas étonnant au vu de la qualité des gens qui l'encadrent." Péméja ne lançait pas ainsi une politesse en l'air, pour la forme... Il est reparti avec la conviction que ce sera plus compliqué lors du match retour, le 22 mars à Pompidou. C'est déjà ça.

Si cela s'est terminé comme une formalité pour l'USON ce jeudi, c'est que la différence entre une formation qui joue les premiers rôles et son visiteur qui poursuit son apprentissage de la Pro D2, est souvent flagrante. Et nettement accentuée par le fait que le VRDR alignait une équipe expérimentale, avec quatre bleu-bites qui ont plutôt bien tenu leur rang. "Ils ont fait ce que je leur avais demandé de faire, appréciait Fabien Fortassin après la rencontre, ils ont tenté même s'ils n'ont pas tout réussi et c'est bien normal à ce niveau et dans ce contexte." Le regret du coach venait plutôt de la note finale, un peu trop salée à son goût: "Nous aurions pu être récompensés d'un essai supplémentaire au moins, revenir avec un 35-15 par exemple, plus conforme à la physionomie du match." Au cours duquel il aura fallu qu'il secoue ses troupes, à la pause fraîcheur de la 20e minute et à 0-14, pour qu'elles sortent de leur "timidité" initiale. Ce que le capitaine Bruchet résumait d'une phrase: "Au début, nous avons été plus spectateurs qu'acteurs."
Vingt minutes d'errance, puis vingt d'espoir avant un retour des vestiaires qui s'annonçait prometteur, avec des Damiers bien décidés à jouer, qui ont beaucoup tenté mais se sont fait reprendre de volée sur quelques fatales erreurs techniques. Les Neversois sont supérieurement armés et savent profiter de tous les ballons qu'on leur laisse, leur rend ou qu'ils grattent.
Il ne s'agit pas de balayer le négatif d'un revers de main et notamment la touche, encore déficiente malgré un léger mieux après la pause: "C'est le secteur où nous avons des difficultés, reconnaît Fortassin, et dans lequel il va falloir progresser. S'y faire dominer (Nevers possède, statistiquement, le meilleur "contre" du championnat) nous prive de nombre de munitions et c'est dommage quand on voit comme nous pouvons être dangereux ballon en main."
Il ne s'agit pas de négliger le handicap qu'a constitué une faiblesse au pied en l'absence de Méret (Lhusero, peu précis à Nevers, avait été préféré à Doucet pour l'exercice "afin de ne pas ajouter cette pression sur les épaules de Clément pour sa première en Pro D2") ni cette fatigue constatée en fin de rencontre: "Beaucoup de garçons ont terminé rincés et on a déploré pas mal de crampes", grimaçait Fortassin. Constat auquel une remarque de Péméja ("Physiquement, nous étions au-dessus") fait écho. Sans oublier que Minguillon est sorti l'épaule en vrac. Bulletin de santé à suivre.
Mais il convient surtout de retenir tout le positif de ce déplacement chez un gros calibre de la division:
1. L'équipe n'a jamais lâché, ne s'est pas effondrée, la mêlée a tenu le choc et l'acharnement défensif a encore été une satisfaction malgré quelques plaquages ratés et des fautes (dix pénalités concédées) inhérentes à la mise sous pression.
2. L'envie de créer du jeu, de lui donner un certain volume, servie par des qualités manifestes en ce domaine (récompensée par un seul mais magnifique essai) est toujours présente et le gage que l'avenir sourira à nouveau.
3. La dynamique impulsée par les deux victoires à domicile n'est pas enrayée, bien au contraire, en termes d'intentions, de détermination, d'engagement. La jeunesse est dans le ton.
"Il n'est pas question de baisser la tête et nous serons prêts mercredi pour la réception de Brive" a promis Fortassin avant de quitter le Pré Fleuri. Brive, encore un gros morceau, appelé à fréquenter les étages supérieurs, à aborder encore avec beaucoup d'humilité et d'ambition à la fois.
 
P. Laf. 
 
La touche demeure un chantier prioritaire pour le VRDR...                                                                   
... dont la solidarité ne s'est pas démentie jusqu'au bout de ce test difficile à Nevers.
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Place aux jeunes (6 septembre 2023)

11 Septembre 2023

Sans surprise, Fabien Fortassin a décidé de largement faire tourner pour le déplacement à Nevers. Onze des titulaires de la victoire sur Colomiers quittent provisoirement le groupe, un seul d'entre eux (Massot) étant convié au voyage en tant que finisseur. Le coach ne le dira pas explicitement, même s'il évoque "le contexte" mais il est évident et bien normal que, dans l'accumulation des rencontres et de la fatigue, il réserve quelques-unes de ses meilleures cartouches pour la réception de l'ogre briviste qui interviendra dès mercredi prochain.

 

 

La composition:
Aléo, Humbert, Roume - Brayer, Goumat - Bruchet (cap.), Hayes, Girlando - Lhusero (m), Doucet (o) - Maguranyanga, Te Tamaki, Pauvert, Quinnez - Minguillon. Remplaçants : Pontanier, Marco Peña (t.), Goze, Massot, Roux, Menzel, Sanchez, Bouldoire. 

 

Dernière mise en place et dernier cercle ce mercredi matin, sur l'annexe de Pompidou, avant de partir pour Nevers.

 

Ce sera donc la première apparition à ce niveau pour les jeunes Mathis Roume (21 ans), Clément Doucet (22), Adrien Roux (20) et Marco Sanchez (20). "C'est à la fois une récompense pour la formation drômoise que promeut le VRDR et une ascension méritée pour ces joueurs en devenir, explique le manager général. Nous sommes dans notre logique de faire confiance à tout le monde: nous avons besoin de tous, d'autant que notre effectif présente une belle homogénéité."

L'expérience, face à une équipe rodée aux combats de la Pro D2 comme l'est Nevers, qui plus est en recherche d'un meilleur classement après deux défaites en trois matches, aurait pourtant sans doute été un plus. "Le XV qu'on présentera à les moyens d'embêter les joueurs de Nevers, avance Fortassin. Les gars auront zéro pression, ils arriveront plein de bonnes intentions, il faudra simplement continuer à faire les choses avec intensité, mettre de la précision quand on aura le ballon et de la générosité quand il sera aux mains de l'adversaire. Etre acteurs et rester dans la partie le plus longtemps possible." Un discours plutôt restrictif qu'il rectifie aussitôt d'un augure malicieux: "Je sais qu'on sera présents et qu'on va les surprendre."

Cette assurance est plaisante à entendre même si la prédiction ne se réalisera peut-être pas. Personne n'en voudra à ces Espoirs s'ils ne rapportent rien, en termes comptables, de leur délicat déplacement: "Qu'ils profitent! lance Fortassin. On se souvient toute sa vie de sa première cape. Qu'ils le vivent bien et ne se laissent pas absorber par la pression même à des postes clés comme pilier droit (Roume) ou ouvreur (Doucet). Quoi qu'il arrive à Nevers, ils apprendront énormément, ils en sortiront grandis et ce sera bénéfique pour l'avenir."

D'évidence, même si tous les voyants demeurent au vert pour le VRDR (qui ne déplore, par exemple, que très peu de blessés et aucun suspendu), prendre un ou des points à Nevers relèverait de l'exploit. En passer 55 à Biarritz puis relancer pour un essai victorieux devant Colomiers étaient déjà des exploits. Lesquels, par définition, ne peuvent se banaliser. Mais bon, les Damiers ont du coffre et de l'audace. Ils en auront besoin dans la Nièvre, une terre vraiment hostile. Les chiffres le démontrent.

Un Pré Fleuri de succès

Nevers n'est pas un nom ronflant du rugby. Mais, récemment débarqué dans le professionnalisme - première saison en Pro D2 en 2017-2018), l'USON s'y est tout de suite installée à haut niveau. En six saisons, les Neversois n'ont jamais terminé plus bas qu'à la septième position au classement, se qualifiant trois fois pour les barrages et atteignant même, en 2022, les demi-finales. Autant dire que le club a les moyens de ses - grosses - ambitions et que, dans son repaire du Pré Fleuri, cette équipe ne lâche guère de lest. Sur 87 rencontres disputées à domicile en saison régulière, Nevers l'a emporté à 69 reprises, ne concédant que 3 nuls et 15 défaites. Le vaincu est reparti 21 fois avec un bonus défensif (soit entre 2 et 5 à chaque exercice) et le VRDR - cela semble déjà une autre époque... - y a encaissé deux sérieux revers : 6-36 en 2020 et 11-33 en 2021. Pour l'anecdote et pour sourire, trois visiteurs s'y sont imposés avec le bonus offensif: Béziers en 2017-2018, Soyaux-Angoulême en 2019-2020 et Bayonne en 2021-2022. Cette perf semble donc surgir tous les deux ans. A qui le tour en 2023-2024? C'est agréable de rêver, non?

P. Laf.

 

 

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Pom pom pidooouuuu! (4 septembre 2023)

11 Septembre 2023

Tout ce que vous allez lire-ci-dessous doit être interprété à l'aune de la reconnaissance et du respect que nous inspirent Johann Authier, son travail et ses résultats au long des six saisons qu'il a passées au VRDR. Deux montées en Pro D2 et un titre de champion de France de Nationale, le premier dans la vitrine du club, c'est un magnifique palmarès et héritage.

Fabien Fortassin (photo J. Laurent)

 Force est de constater que Fortassin en a jusqu'alors assuré un excellent usage et semble à même de le faire prospérer. Le bonhomme est arrivé discrètement aux manettes, sans expérience de coach à ce niveau, mais appuyé sur quelques principes et assurances qui en font un séducteur. Et le tour qu'il donne à son équipe valide déjà le choix des présidents qui avait pu, au printemps dernier, paraître étonnant et aléatoire.

 Sa façon d'aborder le rugby, qui a sans doute à voir avec ses origines gersoises, toute en chaleur, en détermination et, au besoin, en faconde, est un rayon de soleil: la greffe d'un gars du Sud-Ouest dans notre vallée du Rhône a souvent bien pris et donné des fruits juteux.

 Le garçon a été sacré trois fois meilleur buteur (et meilleur réalisateur!) de Pro D2 au cours de sa carrière de joueur et il a grandement contribué à l'irruption de La Rochelle dans l'Elite. L'ouverture est un poste qui, comme son nom devrait toujours l'indiquer, prédispose à l'offensive, à un jeu de mouvement forcément emballant et... risqué. Le risque a payé, largement devant Biarritz et in extremis face à Colomiers où une relance de 60 m a fini par inverser la tendance. "C'est l'équipe qui a mis le plus d'enthousiasme qui a gagné", reconnaissait après match l'entraîneur haut-garonnais, Julien Sarraute, en constatant les dégâts. Et c'est aussi l'équipe qui a mis le plus bel "état d'esprit" (le leitmotiv de Fortassin) pour ensuite défendre sa ligne jusqu'au coup de sifflet libérateur.

Le manager général du VRDR, depuis sa prise de fonction, exige cette "force de caractère" dont a fait preuve son XV en toutes circonstances - même à Montauban, où le contenu fut par ailleurs bien pauvre - depuis le début de la saison. Arriver jeudi à Nevers en quatrième position au classement et avec trois points d'avance sur ses hôtes d'un soir est un bonus pour lequel "j'aurais signé des deux mains" dit-il. Et nous donc, qui commencions à nous inquiéter des conséquences d'un éventuel premier bloc à zéro! 

L'atmosphère est donc sereine, le lien entre les joueurs - beaucoup on été aperçus, en groupe et en famille, samedi sur le marché de la place des Clercs - se noue tranquillement, le turnover fonctionne (32 joueurs déjà utilisés sans baisse de régime notoire, ce qui confirme un minimum de profondeur de banc), le recrutement - que le manager juge "équilibré" - est donc à la hauteur et le VRDR au niveau de son ambition affichée. Un niveau qui ne cesse de progresser quand on considère les résultats hyper-serrés de cette 3e journée.

Que demander de plus dans l'immédiat? D'autant que cette alchimie qui prend crée une affluence et, surtout, une ambiance qu'on avait rarement vues à Pompidou. Le son du soutien aux Damiers éclatait à l'écran vendredi puisque j'ai dû me résoudre à suivre la rencontre devant la télé. C'est aussi le fruit du beau jeu proposé. Une émulation est en train de se créer. Chouette et prometteur! Pom pom pidooouuu!!! 

P. Laf.

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