Provence très pro
Cette -dernière- trêve Coupe du monde était interminable. La Pro D2 va enfin reprendre ses droits et un rythme plus classique à partir de ce vendredi 3 novembre avec la réception de Provence Rugby à Pompidou (19h30).
Pour reprendre contact avec vous en douceur, d'abord deux petites mais importantes informations:
- UN CLUB DE SUPPORTERS DU VRDR EST Né! En voilà une nouvelle qu'elle est bonne! Il s'appelle "Le 16e Damier" et a été créé par un trio dynamique: Hugo Pinchenet (président), Sandrine Deygas (secrétaire) et Margot Trevet (trésorière). Ils vous attendent pour vous renseigner et obtenir votre adhésion ce vendredi à partir de 18 heures au stade. La carte de membre est au prix de 10 euros et un drapeau en tissu vous sera offert. Le club se regroupera, lors des rencontres à domicile, dans les tribunes couvertes (Elie Cester) aux blocs F et G. Toutes les bonnes volontés et les idées d'animation sont les bienvenues. Une initiative qui mérite d'être largement soutenue.
- UN CHAMPION DU MONDE à POMPIDOU! On peut noter qu'un des récents champions du monde sud-africains à joué à Pompidou. Deon Fourie, qui évolue désormais en faveur des Stormers, un club du Cap, en a en effet foulé la pelouse avec le FC Grenoble le 18 avril 2021 - malheureusement en pleine crise du COVID, donc pour un match à huis clos... - pour une victoire (30-23) sur le VRDR. Preuve que cette Pro D2 - et vous allez le voir en lisant la suite - tutoie vraiment le très haut niveau!
- PROVENCE ARRIVE DONC CE VENDREDI à POMPIDOU avec ses énormes ambitions et son effectif pharaonique. Actuel deuxième au classement, le club d'Aix-en-Provence a connu cette saison un départ en fanfare (trois victoires, dont deux bonus offensifs, lors des trois premiers matches) avant de concéder, depuis la mi-septembre, une petite baisse de régime (deux défaites, un nul et deux victoires à l'arrachée, dont la dernière à domicile devant Béziers, 20-17). Le XV soutenu désormais par toute l'agglomération Aix-Marseille-Provence et même la Région Sud va vouloir reprendre sa marche en avant face au VRDR, histoire de bien rester dans son objectif affiché de qualification aux phases finales.
Voilà six saisons en effet que le club provençal s'est installé en Pro D2 sans pouvoir accrocher le top 6 pourtant dans son viseur et largement dans ses cordes avec les moyens dont il s'est dotés :
- Un budget à plus de 12 millions d'euros et un stade magnifique, qui fait régulièrement le plein de ses 8 500 places.
- Un effectif de grande qualité, truffé d'internationaux de pays de premier plan (comme le meilleur gratteur de l'équipe, l'Anglais Teimana Harrison), de jeunes au talent déjà révélé (ainsi Léo Drouet, qui vient d'être sacré champion du monde des moins de 20 ans avec le XV de France) et au recrutement luxueux. Sont arrivés à l'intersaison, directement du Top 14: l'ailier australien Sione Tui et le demi de mêlée Arthur Coville (ex-Stade Français), le centre roumain Atila Septar (ex-Toulon), notre ancien deuxième ligne damier Théo Hannoyer (ex-Castres) et l'excellent arrière et buteur Thomas Salles (ex-Toulon), qui vient de gravement se blesser au genou et déjà remplacé par un autre pensionnaire de l'élite, le Palois Mathias Colombet. Liste à laquelle il convient d'ajouter les signatures estivales de l'ouvreur néo-zélandais Jimmy Gopperth (plusieurs fois meilleur réalisateur du championnat d'Angleterre), en provenance de Leicester, de l'international samoan Joshua Tyrell, troisième ligne venu de Biarritz et qui a évolué en Top 14, de Jean-Charles Orioli, l'ancien champion de France et talonneur emblématique de Toulon et Grenoble, et, last but not least, le pilier international gallois Tomas Francis, qui vient de disputer la Coupe du monde, venu des Ospreys et ancien vainqueur de la Coupe d'Europe 2020 avec Exeter.
- Un encadrement digne du niveau international avec, entre autres, le manager Mauricio Reggiardo, 50 fois international argentin avant d'en intégrer le staff puis diriger Agen et Castres; Jacques Delmas, entraîneur deux fois champion d'Europe avec Toulon et deux fois champion de France avec Biarritz et Toulon; ou encore Julien Dupuy, en charge des lignes arrières après avoir été le demi de mêlée de l'équipe de France et officié au Stade Français puis à Toulon.
Les moyens, l'effectif et le staff de Provence Rugby ont de quoi effrayer. Mais on le sait, cette saison, le VRDR n'a peur de rien ni de personne!
P. Laf.
Le coup passa si près...
Les arbitres auraient tendance à nous agacer ces derniers temps. Après l'homme aux oeillères, M. O'Keefe, qui a rendue particulièrement indigeste l'élimination des Bleus en Coupe du monde, nous avons eu droit à l'homme-qui-ne-veut-pas-faire-de-peine-à-ses-voisins, M. Urruzmendi*. Si, sur la dernière action (je vous la montre en un triptyque ci-dessous), on peut effectivement considérer que Brice Humbert perd le contrôle du ballon, les multiples fautes préalables (et notamment les positions de hors-jeu) des Montois auraient mérité sanction. Comme le constatait amèrement Fabien Fortassin après la rencontre: "Si cela se passe à Pompidou, l'arbitre va directement entre les poteaux!" Pour un essai de pénalité qui, à Boniface, aurait donné la victoire aux Damiers 14-12 au lieu de cet amer 7-12).
En repartant avec un bonus défensif (le premier point pris à l'extérieur cette saison), le VRDR reste largement frustré. Après un match héroïque, sous une pluie battante qui a causé énormément de fautes de main, la victoire était largement à portée. Ce que l'entraîneur de Mont-de-Marsan, Patrick Milhet, reconnaissait sans barguigner: "Ils ont été meilleurs que nous. S'il avaient gagné, il n'y avait rien à dire. Valence-Romans est une équipe qui jouera le haut de tableau."
Ce match perdu, en prouvant encore que les Drômois ont le niveau requis par la Pro D2, permet de tirer nombre d'enseignements positifs.
Le VRDR a largement dominé son adversaire:
- Dans la conquête, que ce soit en mêlée, où le huit landais a souffert, en touche, pour laquelle l'apport de McCauley est un gros plus, ou dans l'affrontement, avec un nombre de turnovers, contre-rucks ou grattages bien supérieur.
- Dans le jeu de mouvement, en inscrivant - grâce au surpuissant Bholi - le seul essai - validé! - de la rencontre et en mettant souvent une pression telle que le Stade Montois, contraint à quelques fautes grossières, s'est retrouvé par deux fois à 14 contre 15.
- En défense, en opposant un barrage courageux, solide et efficace à une ligne d'attaque pourtant habituellement performante et qui n'a eu d'autre ressource que de s'en remettre à la seule botte de son buteur.
Au plan négatif, on ne saurait oublier les quelques défaillances, finalement fatales, du XV de Fortassin:
- Une incapacité à profiter de sa supériorité numérique, notamment en début de seconde période.
- Une flambée d'indiscipline, au retour des vestiaires, qui a offert à Laousse-Azpiazu l'occasion d'enquiller trois pénalités successives qui auront fait la différence en obligeant les Damiers à courir après le score.
- Encore une seconde période très négative à l'extérieur, cette difficulté à tenir le score au moment traditionnel de l'entrée des finisseurs: à Mont-de-Marsan, cela s'est traduit par un 0-9, alors que l'équipe menait 7-3 à la pause; cela rappelle le 15-3 encaissé lors des 40 dernières minutes à Montauban, le 21-0 à Nevers et le 29-7 à Vannes. La qualité intrinsèque du banc ne semblant pas en cause, Fortassin et son staff vont devoir analyser ces trous d'air pour y remédier. Et enfin remporter en déplacement le succès que leurs qualités et leurs efforts méritent.
P. Laf.
* On peut s'interroger sur la pertinence de désigner pour ce match un arbitre basque qui, il y a peu, appartenait au même comité que les Montois (le comité Côte Basque - Landes, dissous en 2018) et qui relève aujourd'hui de la même Ligue régionale Nouvelle-Aquitaine.
FRUSTRATION EN TROIS ACTES
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Toi, toi Montois!
Je ne pourrai être au rendez-vous de la presse que Fabien Fortassin et le VRDR ont fixé à ce mardi soir avant de partir pour Mont-de-Marsan demain matin (match jeudi à 19h30).
Pour ce qui est de la présentation côté drômois - et notamment de la composition de l'équipe -, je vais donc vous laisser vous reporter aux canaux de mes amis journalistes du Dauphiné Libéré, de Bleu Drôme-Ardèche et de l'Impartial et, bien sûr, à l'appli et la page Facebook du club.
Je vais donc plutôt m'attacher à vous présenter l'adversaire de cette huitième journée, ce Stade Montois parfois sous-estimé. Comme le dit leur centre Julien Even: "Ici, nous sommes ambitieux dans la discrétion."
Pourtant, et je m'adresse là surtout aux plus jeunes d'entre vous, le très reconnaissable maillot rayé jaune et noir est porteur d'une valeureuse histoire: au plus haut niveau dès les années 50 (finaliste du championnat de France 1949, 1953 et 1959), Mont-de-Marsan a remporté le titre en 1963 après avoir conquis trois challenges Du Manoir consécutifs (1960-61-62), l'autre plus grande épreuve du rugby national à l'époque. C'était le temps des frères Boniface, André et Guy, qui ont donné leur nom au stade, tandis que les tribunes portent ceux de Christian Darrouy et Benoît Dauga. L'héritage de ces fabuleux joueurs est ainsi toujours bien vivant, notamment à travers le style offensif qui, depuis toujours, caractérise l'équipe landaise.
Pourtant, en s'appuyant sur un staff du cru (tous ceux qui entourent le manager, Patrick Milhet, lui-même dans l'encadrement depuis 2006, sont des anciens joueurs montois), Mont-de-Marsan vient de disputer deux fois consécutivement le droit de (re)monter en Top 14, une élite qu'il n'a plus fréquentée depuis 2013. En 2022, après avoir dominé la saison régulière, le SM a été battu en finale par Bayonne avant de perdre le barrage d'accession face à Perpignan. Et la saison dernière, il s'est incliné (27-36) en demi-finale devant Grenoble.
Pourtant, malgré un budget plutôt moyen (8,6 M € pour la section professionnelle) et la perte récurrente de ses talents, l'objectif plus ou moins affiché est bien de rejoindre le haut du panier: les travaux réalisés au stade, doté d'une nouvelle tribune et d'une pelouse synthétique adaptée au jeu de mouvement qui est la marque de fabrique locale et le recrutement de qualité à l'intersaison dernière (avec des éléments provenant pour la plupart du Top 14) prouvent que les dirigeants visent haut.
Pourtant, après un début de saison franchement mauvais au plan comptable (trois défaites consécutives avec, cependant, deux bonus défensifs à Grenoble et Agen), le Stade Montois,
en intégrant plusieurs jeunes au groupe, vient d'engranger quatre victoires consécutives dont deux à l'extérieur (à Biarritz et Soyaux-Angoulême), qui l'ont amené à un point du podium provisoire, pile à hauteur du VRDR.
Pourtant, avec ses désormais traditionnels fers de lance que sont l'arrière Laousse Azpiazu, buteur et relanceur qui ne souffre en rien de la concurrence avec l'international argentin Patricio Fernandez, renvoyé au centre, et le troisième ligne aile Nicolas Garrault, étincelant depuis plusieurs semaines, les Landais, engagés dans leur spirale positive, n'ont peur de rien ni de personne. Surtout pas d'un promu, même précédé de la flatteuse réputation dont le VRDR s'est désormais parée.
Avec 19 points chacune au classement et des intentions offensives de part et d'autre qui se traduisent par la deuxième meilleure attaque de Pro D2 (toutes les deux totalisent 192 points), les deux équipes devraient offrir du spectacle. Acceptons-en l'augure et profitons des émotions que tout cela laisse présager.
P. Laf.
Les chiffres parlent
C'est une équipe libérée qui évolue cette saison à Pompidou. Libérée d'un poids qu'on avait mal mesuré sans doute, celui de "l'obligation de monter", comme le rappelait opportunément Lucas Méret avant la victoire bonifiée sur Rouen (34-7), cette pression qui avait parfois entravé la qualité des prestations du VRDR lorsqu'il s'avançait comme un ogre de la Nationale.
Libérée au point que lorsqu'elle ne joue pas sa partition comme il conviendrait - et cela crée de "l'aigreur" chez le coach Fabien Fortassin, toujours aussi exigeant - et qu'elle se prive, volontairement ou non, de quelques-uns de ses meilleurs atouts dans son XV de départ (Maamry, Massot, Bholi, Menzel, Guillomot, Minguillon, Worth...), elle produit cependant suffisamment de jeu pour dominer et étouffer un adversaire qui était venu avec des intentions.
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Ce résultat "flatteur eu égard au contenu" avoue volontiers Fortassin, "qui servira d'alarme pour se reconcentrer", confirme que ce VRDR conquérant est désormais tout terrain. Il s'est sorti du piège que constituait son statut de favori, a relégué un concurrent direct à onze points au classement et a donc effacé le statut de "bête noire" qu'on prêtait aux Normands.
Charles Bouldoire, avec cet essai, a ouvert la voie vers la victoire face à Rouen (capture écran Rubgy +)
Les voyants sont toujours au vert pour une formation qui séduit un public de plus en plus nombreux, fidèle et enthousiaste. Et, plutôt qu'une démonstration écrite (oui, oui, je sais, je fais toujours trop long...), je vais donner la parole aux chiffres.
Le VRDR est premier de la classe Pro D2 dans les domaines suivants:
- A domicile: seule équipe à 19 points sur 20 possibles.
- Au nombre de franchissements: 46 contre 34 seulement à ses dauphins, Provence et Brive.
- Au nombre de ballons grattés: 32, devant Biarritz (31) et Dax (30).
- Au plus faible nombre de cartons jaunes reçus: 2, suivi par Vannes (3) et Provence (4).
- Au nombre d'essais: 23, à égalité avec Vannes et Brive.
Et le VRDR possède la deuxième meilleure attaque (192 points) derrière Vannes (205) et l deuxième meilleure défense (133 points), toujours derrière Vannes (108), le stratosphérique leader.
Des statistiques collectives qui corroborent l'idée que ce promu est vraiment au niveau dans tous les domaines, de l'attaque, de la conquête, de la défense, de la discipline et de l'efficacité. Et qui permettent aussi de projeter souvent le puissant Mosese Mawalu au-delà de la ligne d'en-but: avec sa sixième réalisation personnelle, l'ailier fidjien rejoint ainsi le Neversois Elia Elia à la première place des marqueurs d'essais.
Si la prochaine mission assignée par le manager général, aller chercher au moins un point à l'extérieur, est bientôt accomplie, les Damiers seront alors performants sur tous les tableaux.
Enfin, s'il fallait encore rassurer les plus frileux d'entre vous, j'ai plongé dans les archives: aucune équipe parvenue à 19 points après sept journées, depuis que le bonus existe, n'a été reléguée en fin de saison! Voilà un joli matelas sur lequel ce groupe en pleine réussite ne va sans doute pas s'endormir.
P. Laf.
Dites 101!
En ce début de saison, le VRDR en a passé 55 à Biarritz qui vient d'en mettre 46 à Rouen. La logique mathématique voudrait donc que le VRDR inscrive 101 points face à Rouen ce vendredi soir... Attendez... Quelqu'un me tape sur l'épaule... C'est Lucas Méret, le demi d'ouverture du VRDR... Ce ne serait pas ainsi que ça marche en rugby... Il nous explique: "Rouen sort d'une grosse déconvenue à la maison, ils vont vouloir se rattraper. Ils vont être pénibles à jouer. Ils ont des qualités de combat identiques à celles des autres, ils ciblent leurs matches, il y aura sans doute moins d'envolées que lors des rencontres précédentes, il va falloir être sérieux." Ah bon!? Et voilà Fabien Fortassin, le manager général, qui débarque pour en remettre une couche sur le sujet: "Rouen va sans doute vouloir s'appuyer sur les basiques, se rassurer, prendre peu de risques, proposer un jeu de pression et d'occupation. Il va falloir gagner l'affrontement physique, s'imposer dans les collisions."
Je me suis permis de plaisanter parce que nous savons tous combien cette réception de l'actuel dernier de la classe pourrait être piégeuse. Etre dans la peau du favori est une sensation nouvelle pour le VRDR: "On a gagné cette étiquette, se réjouit Fortassin, et nous sommes face à une nouvelle évaluation de notre niveau. C'est une situation qu'on va découvrir. L'idée, c'est de rester focalisés sur nous et ce qu'on sait faire, peu importe l'adversaire." Méret décortique: "Il va falloir construire notre match, être bons en défense, disciplinés, puis jouer notre jeu." Et, à l'unisson avec le coach: "Le plus gros danger, c'est nous!" Sans doute, parce que cette trêve imposée par le calendrier de la Coupe du monde a pu couper un peu l'élan. Parce qu'une formation joueuse, "qui aime déplacer le ballon, a besoin de rythme et d'automatismes" (Lucas Méret) qui s'acquièrent et se perfectionnent surtout à travers la compétition. Parce que chaque adversaire qui se présente à Pompidou est une découverte, après deux ans passés en Nationale.
Les pronostics (très optimistes pour le VRDR) de la rédaction et des lecteurs de Rugbyrama/Midi Olympique
Mais, tout de suite Fortassin, qui dirige le XV qui a engrangé le plus de points à domicile (14 sur 15) de la Pro D2 jusque-là, se veut rassurant: "Les gars n'ont plus le droit de baisser le curseur de l'engagement, ils le savent. Nous avons plein de certitudes sur notre jeu mais elles sont conditionnées par un investissement total, de tous les instants. Et je ne suis pas inquiet: je sens qu'ils ont envie de matcher, ils sont impatients." "Le déplacement à Montauban (1re journée, défaite 3-20) aura servi de déclic, avoue Méret. Nous n'avions rien montré et, depuis, nous sommes portés par la volonté de créer. Notre salut et notre plaisir passent par le jeu."
Favori (à 92% pour les lecteurs de Midi Olympique et Rugbyrama, dont la rédaction pronostique une victoire drômoise bonifiée!), le VRDR l'est donc nettement. Tout autre résultat qu'une victoire serait une déception. Rappelons cependant que Rouen, qui avait remporté in extremis, face aux Damiers, la finale de Fédérale 1 en 2019, a une réputation de "bête noire", avec son bilan de 5 victoires en 7 rendez-vous depuis 2017. Mais le VRDR 2023 semble armé pour renverser les tendances.
Moins de monde à l'infirmerie
Si Sven Girlando (opéré de l'épaule) et Loan Réal (déchirure au pied) en ont encore pour trois bonnes semaines de convalescence, Darrel Dyer et Gauthier Minguillon ont repris normalement l'entraînement. Yassine Maamry s'est malheureusement bloqué le dos cette semaine, ce qui a contraint Fortassin à revoir ses plans, tandis que Thembelani Bholi, victime d'une entorse de la cheville à Vannes, pourra s'asseoir sur le banc des finisseurs.
La composition pour le match face à Rouen (stade Pompidou, ce vendredi 13 octobre à 19h30): Aléo, Deligny, Goze - McCauley, Goumat - Bruchet, Iashagashvili, Roux - Lhusero (m), Méret (o) - Mawalu, Neiceru, Pauvert, Vargas - Bouldoire. Remplaçants: Pontanier, Humbert, Milasinovich, Brayer, Bholi, Hayes, Menzel, Te Tamaki.
P. Laf.
Historiques
La victoire - historique! - du Portugal sur les Fidji en Coupe du monde (24-23) a été obtenue sans la participation de Joris Moura, le demi d'ouverture du VRDR, qui n'aura finalement joué en tout et pour tout que dix minutes au cours du tournoi, les dix dernières du match contre le pays de Galles (8-28), le 16 septembre. Sans doute une petite déception pour le Drômois, ainsi privé d'un apport plus actif à cette belle aventure, mais une garantie qu'il aura faim de compétition quand il rejoindra bientôt les Damiers pour réactiver sa saine concurrence avec Lucas Méret.
C'est aussi un petit morceau d'histoire qu'écrira le VRDR vendredi à Pompidou en recevant Rouen. Un club normand après un club breton (les Damiers ont joué leur dernier match - 24-39 - à Vannes), voilà un enchaînement inédit à ce niveau de la compétition.
En effet, si les historiens du sport s'escriment à ratiociner sur le pourquoi du cantonnement du rugby d'élite au sud d'une ligne Charente - Jura, à la notable exception de Paris et l'Île de France (1), force est de constater que les deux adversaires successifs des Damiers prospèrent dans des régions a priori peu portées vers le rugby professionnel. Il y eut bien quelques tentatives méritoires à Tours, au tournant des années 2000, ou à Strasbourg au cours des années 90. Mais toutes, sans même remonter à l'ASPTT Arras, à la fin des années 80, à une époque où la première division était élargie à 80 clubs, ont vite avorté.
Vannes comme Rouen font donc figures d'OVNI dans le paysage - et actuellement aux deux extrémités, leader et lanterne rouge - de la Pro D2. Le premier y est installé depuis un petit bail désormais (2016), qui lui permet de viser haut. Le RC Vannes s'appuie sur l'engouement populaire d'un Morbihan conquis, l'ambition de son président-homme d'affaires, Olivier Cloarec (à ne pas confondre, mon cher Jacques, avec son homonyme, président exécutif du Stade Rennais), patron de super et hypermarchés, et le travail en profondeur de son entraîneur en chef, Jean-Noël Spitzer, à la tête de l'équipe depuis 2005! Pour Rouen, l'irruption sur les hauteurs est plus récente (2019), l'avenir plus incertain, les équilibres encore fragiles mais le soutien de leur président-entrepreneur, Jean-Louis Louvel, "le roi de la palette", d'une vingtaine d'actionnaires solides et d'une agglomération au tissu économique costaud est un gage de durabilité.
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Enfin, parlons chiffons! Oui, certains font mine de s'en plaindre (Nicolas?), l'article en sera un peu rallongé... Pour une fois, comme chaque automne, le VRDR empruntera vendredi les couleurs d'Octobre Rose, pour la bonne cause de la lutte contre le cancer du sein. Mais savez vous d'où vient le maillot à damier (2) sous lequel évoluent nos... Damiers? Il semblerait - et l'ancien talonneur romanais Christian Darlet est un fin limier en la matière - que l'origine remonte à 1908, à la suite d'une tournée en France des London Hospitals. Cette équipe de rugby, composée d'étudiants en médecine britannique, avait choisi de jouer en maillot à carreaux bleus et blancs pour se démarquer des autres formations alors généralement vêtues de tenues rayées selon la mode de l'époque. Elle joua un match à Bègles (et le CA Béglais adopta ses couleurs) et un autre à Lyon, devant des Romanais qui allaient fonder l'USRP et adoptèrent également leur original damier, mais en le teintant de noir. Peut-être parce qu'ils étaient par ailleurs adeptes d'automobilisme ou de cyclisme, deux disciplines où le damier noir et blanc marquait déjà les lignes d'arrivées...
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L'USRP a légué sa forme singulière au VRDR (qui y adjoint aussi un peu du rouge de feu le VS, dont la dominante était le blanc) qui en fait une rareté au plan national. En effet, puisque l'UBB, qui a succédé au CA Béglais, s'habille désormais en bordeaux, ne reste que le Sporting club appaméen pour endosser également un damier noir et blanc. Le SCA est le club de Pamiers (en Ariège), qui l'a choisi en 1921 pour des raisons mal définies (sans doute une commande mal comprise par les fabricants anglais et non pas pour la paronymie avec le nom de la ville...) mais qui ne le montre qu'en Fédérale 2. Soit loin des stades et des standards du VRDR qui demeure le seul club à damier du rugby professionnel.
P. Laf.
(1) Les raisons avancées sont multiples et -sans doute- complémentaires: présence importantes de commerçants et notables anglais dans le Sud-Ouest; une prédisposition créée par des pratiques "sudistes" préexistantes (soule, barette...) qui étaient des sortes de "proto-rugby"...; les jeux locaux - notamment de force basque - qui orientaient déjà vers un sport de contact; les patronages laïcs, où l'ont pratiquait plus souvent le rugby, prééminents dans le Sud-Ouest; la clémence du climat, avec des hivers doux qui favorisaient la pratique du rugby...
(2) On écrira "maillot à damier" (il s'agit d'un seul damier) mais on criera: "Allez Damiers!"
Sacrés pedigrees!
Fabien Fortassin a eu le nez creux. Ses recrues apportent un vrai plus à l'effectif du VRDR. C'est d'autant plus remarquable que la plupart, notamment celles venues directement de l'étranger, pouvaient sembler des choix aléatoires voire exotiques. Or, à gratter dans le passé rugbystique des uns et des autres, on constate qu'il n'y a pas de hasard. Les cartes de visite sont joliment garnies. Et les garçons à la hauteur de l'attente placée en eux pour ce qu'on a pu en juger.
Il y a bien sûr et d'abord ceux qu'on connaît, pour la plupart franco-français et qui ont déjà roulé leur bosse en Pro D2. Du sûr. Ne pas oublier cependant que, parmi eux, plusieurs ont connu le plus haut niveau en club: le revenant Brice HUMBERT par exemple, qui a disputé 17 matches de Top 14, 5 de Champions Cup et 1 de Challenge Cup (Coupes d'Europe) avec Castres; Cyril DELIGNY, 2 matches de Top 14 et 5 de Challenge Cup avec l'USAP; ou même Mathieu GUILLOMOT, qui a évolué en première division italienne (OK, ce n'est pas le top du top mais c'est une expérience à l'étranger) avec Piacenza (Plaisance en français...).
Mais il y a surtout ceux dont on n'avait jamais entendu parler et qui pouvaient ressembler à des paris. En épluchant leurs CV, on constate que leurs sacs de sport contenaient des garanties...
Tous ont joué au plus haut niveau de leurs championnats respectifs. Des championnats de vraies grandes nations de rugby.
Avant d'en entamer le détail, on rafraîchit vos connaissances internationales:
- Premiership: première division anglaise
- Super Rugby: sous plusieurs appellations et en fonction des périodes, championnat regroupant les meilleures équipes (franchises) de Nouvelle-Zélande, Australie, Fidji, Afrique du Sud et Argentine.
- URC (ex-Pro 14): championnat opposant d'abord les sélections des provinces écossaises, galloises et irlandaises puis, désormais, celles d'Afrique du Sud et d'Italie.
- NPC: championnat des provinces néo-zélandaises.
Et maintenant la liste:
Gareth MILASINOVICH compte 49 matches de Premiership avec Worcester puis les Saracens, auxquels s'ajoutent 15 rencontres de Challenge Cup; puis, passé sous les couleurs de l'Ulster, en Irlande, il a joué 25 matches d'URC et encore un match de Challenge Cup.
Ryan McCAULEY compte 44 matches de Super Rugby avec les Waratahs et Western Force et 4 matches de Premiership pour Exeter.
Thembelani BHOLI est apparu 12 fois en URC avec les Kings puis les Sharks; auparavant, toujours avec les Sharks, mais aussi avec les Bulls et les Kings, il avait disputé 41 matches de Super Rugby.
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Le Néo-Zélandais Isaac TE TAMAKI totalise 38 feuilles de match en NPC et, surtout, a été international de rugby à VII, entre 2015 et 2018, à une période où la sélection All Black était l'une des meilleures au monde. L'entraîneur le plus titré de la discipline, Gordon Tietjens, disait alors de lui: "Isaac est probablement notre joueur le plus rapide. Il a ce facteur X, cette capacité à transpercer les défenses, il est une vraie menace." Et savez-vous qui jouait à l'époque en sélection aux côtés de Te Tamaki? Le légendaire Sonny Bill Williams... De quoi vous classer un bonhomme non?
Isaac Te Tamaki (photo VRDR)
TJ MAGURANYANGA (de son vrai prénom Thabani Jehiel) est international zimbabwéen mais a été formé à l'ASM Clermont Auvergne et est entré deux fois en jeu en Top 14.
Et George WORTH, avant de signer au VRDR, restait sur 14 matches en Super Rugby avec les Melbourne Rebels; il avait auparavant effectué une belle carrière en Premiership avec Leicester, qui l'avait aligné 36 fois plus 9 en Challenge Cup et 2 en Champions Cup.
Quand vous assistez à un match à Pompidou - ou bien à l'extérieur, oui oui... -, il y a sous vos yeux du beau linge et de l'expérience engrangée sur tous les continents
pour orchestrer le spectacle. Les coaches de Pro D2 commencent à s'en rendre compte.
P. Laf.