Balles perdues
Pour la plupart vous avez vu VRDR-Béziers et, si vous ne l'avez pas vu, en connaissez le triste score (10-20), les tenants et les aboutissants. Je ne vais donc pas revenir sur les péripéties qui ont très vite conduit les Damiers à leur sixième défaite en sept matches. Je vais surtout m'attacher à en tirer les enseignements.
Le premier, et c'est Fabien Fortassin qui l'a dit aussitôt après le coup de sifflet final, "on sait quel championnat on joue désormais". Après un début de saison de rêve, les espoirs les plus fous semblaient permis. Et la joie de jouer -et de gagner- a conduit à une forme d'euphorie qui a pu faire oublier à certains - dont nous, les observateurs - d'où le VRDR venait. De la Nationale, auréolé d'un titre de champion de France certes, mais du palier d'en dessous, nettement en dessous. Le recrutement a été bon, ciblé, intéressant, plusieurs joueurs ont hissé leur niveau, le nouveau manager a insufflé un bel état d'esprit mais, l'hiver venu, la réalité a rattrapé le club. Il faut désormais se battre pour le maintien. Ce à quoi il fallait d'ailleurs s'attendre. Case départ.
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Le second, il est venu de Yassine Maamry: "On s'est battus nous mêmes, Béziers n'a rien produit, on leur a offert les munitions pour mettre les points." C'est vrai: deux balles perdues, l'une sur un en-avant à quelques mètres de la ligne biterroise, l'autre sur une touche mal négociée ont permis à la doublette portugaise Marques-Storti de s'en donner à coeur joie et aux Héraultais de vite mener 14-3. "On sait que dans le jeu d'hiver, sur ces terrains difficiles, c'est un avantage souvent décisif de prendre le score", répète Fortassin. Qui avait pourtant bien identifié en amont que le danger viendrait du demi de mêlée maître à jouer et de l'ailier aux jambes de feu. Et de la propension de Béziers à être forts sur les turnovers et dans le jeu au pied. Mais ses avertissements et consignes n'ont pas suffi. Deux balles dans le pied. Encore une fois. Comme à Dax ou auparavant à Aurillac. Pierre Caillet, le coach biterrois, répondant à Maamry, aura donné une nouvelle leçon de réalisme: "Nous avions repéré les forces et les faiblesses du VRDR. Bien défendre et savoir profiter des contres, c'est produire quelque chose. Nous avons ce soir gagné la bataille tactique." La crainte n'aura donc pas écarté la menace. C'est à la fois dommage et inquiétant. Que ces occasions trop souvent concédées ne deviennent pas balles tragiques à Pompidou.
Le troisième est venu, quasiment en choeur, de ces mêmes Maamry et Caillet: "Je n'ai pas d'inquiétude, le groupe est solide, je suis sûr que le VRDR va s'en sortir", ont-ils en substance et successivement affirmé. Il peut y avoir un brin de méthode Coué ou de démagogie dans ces assertions, lesquelles sont cependant étayées par plusieurs éléments tangibles: les Drômois ont de gros atouts devant, des cannes derrière (quand le terrain n'est pas trop lourd), une capacité à ne jamais lâcher, du courage. Leur conquête est parfois dominante et toujours acceptable, leur abnégation jusqu'à présent exemplaire. Les soucis viennent d'ailleurs, d'un faible rapport temps forts/points qui use physiquement et mentalement. D'une charnière un peu déclinante avec un Lucas Méret énormément sollicité, sans doute émoussé, et qui a du mal -et il n'est pas le seul! - à ajuster son jeu au pied. Et d'une tendance inconsciente à se (re)poser sur les lauriers du début de saison. Ce que reconnaît volontiers Fortassin: "Nous avons peut-être délaissé certains efforts, glissé doucement vers moins de rigueur." Il va s'efforcer, avec le staff et tout le groupe de remédier à cela après la courte trêve et remettre la marche avant. Ce qui ne sera pas chose aisée, au plan comptable, avec un déplacement à Agen - battu vendredi à domicile par Montauban (10-12) et la botte de Bosviel - suivi de la réception du leader Vannes.
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Le quatrième et dernier enseignement que je tirerai de cette soirée, c'est que l'engouement ne faiblit guère malgré ces résultats à la baisse et le temps maussade: les travées de Pompidou restent bien garnies et l'ambiance mise par les supporters du 16e Damier, soutenus par la Bamba étoilienne, parvient à créer un contexte chaleureux dans cette morne enceinte. Qu'ils en soient félicités et remerciés. Le salut passe certainement également par leur soutien.
Bonnes Fêtes de fin d'année à tous. On se retrouve vite sur la piste des Damiers. Et on croit au cadeau du maintien.
P. Laf.
La vie sans Bholi
Il s'est imposé comme une des pièces maîtresses du pack et du XV de Fortassin: Thembelani Bholi, incisé de deux hématomes sous les gros orteils qui le faisaient trop souffrir, sera absent ce vendredi (19 heures) pour le choc contre Béziers. Présent lors de 12 matches sur 13 (dont dix fois comme titulaire), le 3e ligne sud-africain est le meilleur gratteur et l'un des plus forts porteurs de balle du VRDR cette saison. Son forfait crée un petit doute à l'amorce d'un choc une fois de plus très important pour envisager plus ou moins sereinement la seconde partie de la compétition. Même si le seconde ligne Yassine Maamry et le coach en chef sont d'accord sur le fait qu'il n'y a "pas de pression particulière sur ce rendez-vous", si ce n'est "celle, légère et récurrente, de devoir gagner à domicile dans un championnat serré", admet Fortassin.
Pour remplacer Bholi, le staff a choisi de lancer Loan Real, apparu seulement à deux reprises en raison d'une blessure contractée début septembre. S'il était en balance avec Adrien Roux et Charles Brayer, l'ancien Tarbais a été choisi pour son profil, "le plus proche de celui de Bholi, selon Fortassin, celui qui coche le plus de cases en fonction des conditions et de l'adversaire".
Si Bholi sera vraisemblablement de retour après les Fêtes, ce sera peut-être un peu plus long pour Joris Moura, de nouveau touché à l'épaule à Dax. "Il n'y pas de luxation, précise Fortassin, mais une épaule fragilisée qu'on va surveiller et dont on espère qu'il va pouvoir bientôt se remettre." N'empêche, cela oblige Lucas Méret, le demi d'ouverture le plus utilisé de toute la Pro D2 (11 feuilles de match et 870 minutes de jeu), à rempiler après sa petite alerte virale alors qu'il semble que sa douleur au genou, qui avait vrillé à Grenoble, a disparu.
Voilà pour les nouvelles les moins agréables. Mais il y a, côté Damiers, matière à garder confiance. "On s'est dit ce qu'on avait à se dire, précise tout de suite Fabien Fortassin, que l'on avait laissé passablement irrité après la défaite à Dax (16-18). Et ensuite, on a fait une bonne semaine d'entraînement, une très bonne mise en place, l'envie est là et j'ai peu de doutes que les garçons se montrent à la hauteur d'un gros adversaire." C'est que Béziers, que les Drômois vont affronter avec quatre anciens Biterrois dans leur pack de départ (Aléo, Marco Peña, Maamry et Massot), arrive en "équipe très complète" selon Fortassin. Qui en a identifié les points forts: "Une ossature qui se connaît, un demi de mêlée (Marques) dominant, des ailiers perforant et un arrière, Gabin Lorre, performant." Le tout derrière des avants "qui tapent fort".
"Si nous sommes efficaces, pragmatiques et disciplinés, si nous ne cédons pas à la nervosité, si nous évitons les cartons, nous sommes largement capables de rivaliser", pronostique l'entraîneur. Qui ne veut plus revoir les errements fatals vendredi dernier à Dax.
La composition du VRDR: Aléo, Marco Peña, Milasinovich - McCauley, Maamry - Massot (cap.), Iashagashvili, Real - Lhusero (m), Méret (o) - Mawalu, Neiceru, Guillomot, Vargas - Bouldoire. Remplaçants: Pontanier, Deligny, Goze, Dyer, Brayer, Goumat, Menzel, Pauvert.
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Un talonneur du LOU en approche
Un jeune talonneur du LOU est venu partager l'entraînement des Damiers en début de semaine. Il semble avoir convaincu le staff dans l'optique du remplacement de Brice Humbert (cheville fracturée): "Si nous nous mettons d'accord avec les dirigeants lyonnais, cela devrait prendre la forme d'un prêt", explique Fortassin.
P. Laf.
BÉZIERS ARRIVE LANCÉ!
Un rappel pour les plus jeunes: Béziers fut un grand nom du rugby français, le plus grand pendant plus d'une décennie (1971-1984). L'ASB, comme on l'appelait alors (sans le H), taillait à la hache tous ses adversaires. Rien ne lui résistait et ce XV écrasait la concurrence: onze boucliers de Brennus et un record de points en Première Division (ce n'était pas encore le Top 14), un 100-0 historique face à Montchanin, le 16 décembre 1979, sont venus graver cette domination dans le marbre de l'Ovalie.
Mais le professionnalisme à grande échelle a cassé cette machine à gagner et Béziers, qui n'a plus fréquenté l'Elite depuis 2004, est rentré dans le rang. Pensionnaire anonyme de la Pro D2, l'ASBH a gardé la nostalgie de son glorieux passé sans trouver les moyens de le faire revivre. Le club, objet de convoitise et de projets avortés, est officieusement toujours à vendre et la Mairie, qui le soutient activement, ne serait pas mécontente, sans doute, de voir enfin arriver un repreneur à fort potentiel.
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Mais en attendant, et après tant de saisons mitigées, l'équipe dirigée par Pierre Caillet semble depuis quelques semaines tourner à plein régime. Une transfiguration due en grande partie à son maître à jouer, le demi de mêlée portugais Samuel Marques qui, depuis son retour d'une Coupe du monde enchanteresse, emmène les siens vers des sommets. Ce garçon expérimenté (35 ans), roublard, toujours à la limite, souvent "deuxième arbitre", sorte de Rory Kockott languedocien, a encore été l'auteur d'une performance majuscule à Biarritz où il a inscrit à lui seul 15 des 20 points de la première victoire biterroise (20-17) à l'extérieur cette saison. Ce succès hors de ses bases qui manquait encore à une formation devenue intraitable à la maison: six victoires et un nul (contre le leader Vannes) à Raoul Barrière. Avec ces quatre points rapportés d'Aguilera, trois bonus offensifs et trois défensifs engrangés, voici Béziers propulsé à la 3e place du classement et lancé comme une balle vers sa quête de qualification.
Tout cela valide la façon de travailler de Caillet, revenu avec son staff à une préparation physique à l'ancienne, un poil rébarbative à l'été et en début d'automne mais qui porte maintenant ses fruits, notamment dans les fins de matches: le grand nombre de points encaissés à partir de la 60e minute, en 2022-2023, avait provoqué trop de déchet dans les résultats, notamment à domicile (6 défaites et un nul concédés), pour nourrir d'autre ambition que le maintien.
Appuyé sur son recrutement ciblé et équilibré (Marques, Ancely, Nkinsi, Tupuola...) et sa série en cours de trois succès consécutifs, Béziers vient à Pompidou pour s'offrir le scalp du VRDR en guise de cadeau de Noël. Il y a danger, le défi est d'importance. Les Damiers devront se montrer au moins aussi conquérants mais beaucoup plus réalistes que lors de leurs dernières sorties pour espérer s'imposer.
P. Laf.
Au soutien!
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Une fois ne deviendra pas coutume: je ne vais pas aujourd'hui vous parler du jeu et de l'équipe du VRDR mais de ses supporters. J'ai trop souvent regretté par le passé un stade Pompidou trop apathique, parfois morne, plus spectateur que soutien à ses couleurs pour ne pas apprécier les efforts de ceux qui ont créé "Le 16e Damier". Que ce groupe qui s'attache à mettre ambiance et ferveur dans la tribune G - et parfois à l'extérieur - à longueur de saison soit remercié et accompagné dans sa louable et bénévole ambition!
Ce vendredi, pour la réception de Béziers, dernier match avant la courte trêve de Noël, Le 16e Damier sera heureux de vous accueillir en son stand, situé à l'entrée du pub des Damiers, et qui vous proposera vin chaud et bretzels. Une sucrerie sera offerte aux enfants et le Père Noël en personne assurera l'animation. Le tout sous les banderoles et le drapeau noir et blanc géant fabriqués grâce au don de Dominique Seauve, conseil immobilier i-particulier.fr
Le rendez-vous est donc pris. Les adhésions sont encore possibles et bienvenues. Attention! Le match début à 19 heures, l'ouverture des portes du stade se fera à 17h30. Qu'on se le dise! Et que nombre d'entre vous viennent rejoindre ce "16e homme" qui a parfois le don de faire basculer l'issue de la rencontre.
P. Laf.
Les raisons de la colère
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Fabien Fortassin ne décolérait pas à l'issue de la défaite à Dax. Et franchement, on le comprend. Comment son équipe, une nouvelle fois dominatrice, notamment en première période, peut tourner à la pause avec un point de retard? Et comment peut-elle se laisser déstabiliser en seconde période au point de se faire sanctionner bêtement à tout va? Pour la première fois depuis l'entame totalement ratée à Montauban, en août, les Damiers nous ont déçus. Pour la première fois aussi, on s'est dit que le message du coach n'était pas passé. Exemples? Sept gros temps forts entre la 4e et la 37e minute qui débouchent seulement sur neuf maigres points de pénalités. Une resucée de l'impuissance déjà constatée à Aurillac. Et cette pénaltouche concédée en toute fin de mi-temps qui offre aux Dacquois l'occasion d'étaler leur science du ballon porté pour inscrire l'essai de la prise du score. Alors qu'il s'agit seulement de leur seconde véritable incursion dans le camp drômois... Ou encore cette contestation qui les oblige à reculer de dix mètres, à la 70e, et transforme la pénalité en cadeau à trois points. Sans oublier cette double infériorité numérique, certes sévère mais trop pénalisante, qui les fait sortir pendant un long moment du match.
Oui, il y avait de quoi rager et le manager du VRDR ne s'en est pas privé, au micro de Bleu Drôme Ardèche et du Dauphiné Libéré: "Les consignes n'ont pas été respectées. Je me demande si je me suis mal fait comprendre ou si les têtes ont gonflé. On se dit qu'on veut gagner à l'extérieur et on fait tout pour ne pas y arriver." Et de jeter aux oubliettes le bonus défensif glané dans les derniers instants mais qui reste finalement une des rares petites satisfactions de cette soirée trempée dans un champ de labour. On en oublierait presque la nouvelle blessure de Joris Moura, qui a eu son importance pourtant, et qui pourrait handicaper le collectif des Damiers pour les prochaines échéances. Et un résultat négatif qui occulte les bonnes intentions en conquête, avec une touche impeccable et d'efficaces grattages qui n'ont pas pu se convertir en points.
Ce XV décevant sur le coup, mais qui ne cesse de montrer qu'il a le niveau pour performer en Pro D2, nous doit une revanche. Elle sera d'autant plus éclatante si elle intervient vendredi prochain à Pompidou face à Béziers qui arrive en plein boum après trois victoires consécutives, dont la dernière à Biarritz (17-20). Histoire de poser une guirlande sur Noël après s'être fait enguirlander à Dax.
P. Laf.
Une ossature type
Après 13 journées et le recours à 39 joueurs différents, Fabien Fortassin, à défaut d'une équipe type, dégage de son effectif une ossature type. Celle-ci s'organise autour d'une articulation quasi inamovible composée d'une troisième ligne très stable (Bruchet-Iashagashvili-Bholi) et d'une charnière Menzel ou Lhusero à la mêlée (où ils se partagent équitablement le temps de jeu) et Méret à l'ouverture. Les autres lignes sont plus fluctuantes avec des solides au poste comme Royer (pilier gauche), McCauley (qui s'impose en seconde ligne depuis qu'il est opérationnel), Mawalu et Vargas aux deux extrémités de la ligne de trois-quarts, ainsi que Neiceru au centre.
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Pour ce rendez-vous à Dax (ce vendredi à 19h30), tous ceux-là tiendront leur place sauf Royer (confiance à Pontanier) et Méret (Moura va reprendre - provisoirement? - ce numéro 10 qu'il a si souvent porté en seconde partie de saison dernière). Ce qui prouve que Fortassin reste fidèle à sa politique de concerner tout le monde et de ne pas hésiter à tenter des coups, même sur des matches à fort enjeu comme celui-ci, puisqu'il s'agit d'aller chercher une première victoire à l'extérieur et de solidement s'ancrer dans la moitié haute du classement.
Un seul d'entre les finisseurs identifiés par le manager général des Damiers sera sur la feuille match dans les Landes, en l'occurrence Massot. Ce qui ne signifie pas que le VRDR renonce à ses ambitions sur ce déplacement pour lequel onze des titulaires réguliers seront présents d'entrée.
Le plus grand nombre de titularisations depuis le début de la saison: Iashagashvili et Vargas (12), Méret (11), Bholi et Bruchet (10), Neiceru (9).
Les remplaçants les plus fréquents: Brayer (8), Goze, Pontanier et Lhusero (7), Humbert et Massot (6).
Le plus grand nombre d'apparitions sur la feuille de match: Menzel et Lhusero (13), Goze, Bholi, Bruchet, Iashagashvili et Vargas (12), Méret (11), Milasinovich et Massot (10).
Le XV de départ le plus fréquemment aligné: Royer, Deligny, Milasinovich - Goumat (Maamry), McCauley - Bruchet, Iashagashvili, Bholi - Menzel (Lhusero), Méret - Mawalu, Neiceru, Te Tamaki, Vargas - Bouldoire (Worth).
P. Laf.
Dax, le faux frère
L'US Dax et le VRDR se ressemblent: promus tous deux cette saison, deux managers qui prônent le mouvement et l'audace, un recrutement ciblé pour renforcer sans déstabiliser un groupe qui a fait ses preuves au niveau inférieur, un même nombre de points (25) au classement après 12 journées et, gros souci commun, une pelouse qui a du mal à supporter les intempéries.
Or, la semaine est annoncée encore humide sur les Landes, spécialement vendredi d'ailleurs, jour du match entre les deux formations (19h30). Les ambitions de jeu ouvert, que cultivent donc Jeff Dubois, l'ancien adjoint de Guy Novès lorsque ce dernier était sélectionneur de l'équipe de France, et notre Fabien Fortassin, risquent encore d'être revues à la baisse à Maurice-Boyau...
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Mais, et c'est aussi ce qui prolonge le parallèle, ces deux XV ont prouvé, quand les conditions le rendent nécessaire, qu'ils savent pratiquer le jeu d'hiver. On l'a vu à Pompidou avec ce restrictif - mais ô combien précieux! - 6-0 face à Soyaux-Angoulême. Et Dax l'a déjà montré en allant s'imposer dans un bourbier et sous la pluie, il y a presque trois semaines à Biarritz (22-21). Les Dacquois ont su s'adapter, avec un jeu au pied bien équilibré et précis (en alignant deux ouvreurs, Cerisier et Séguy, un gaucher et un droitier, dont l'un à l'arrière) et une conquête retrouvée. Ces avants, devenus le point fort de ce groupe modelé, devant, par un autre grand ancien, l'ancien international Marc Dal Maso, désormais connu, dans la cité thermale, sous le surnom de "sorcier de la mêlée".
C'est devant que s'est par exemple construit le succès dans le derby, face à Mont-de-Marsan (26-22 à la 9e journée), ou encore cette victoire "référence", avec bonus offensif, face à Colomiers (25-6 lors de la 5e journée), qui a marqué le véritable envol de Dax après un début d'exercice mitigé. "Nous avons eu besoin de deux journées pour redescendre de notre petit nuage de la Nationale", reconnaissait le talonneur Maxime Delonca après les roustes face à Provence (16-44) et à Rouen (3-36). Il est vrai que Dax, avait survolé la saison régulière et obtenu la montée avec quatre ans d'avance sur le plan initial des dirigeants. De quoi faire tourner les têtes.
Avant de demander d'envoyer du jeu, "en retardant au maximum le passage par le sol", le staff rouge et blanc s'est d'abord ingénié à assurer quelques bases nécessaires à sa survie dans ce championnat hyper concurrencé. L'organisation défensive s'appuie sur une stratégie de contres en touche, risquée mais souvent payante ces dernières semaines, un gros impact dans les collisions avec un pack densifié et percutant, et un énorme travail de grattage (51 ballons grattés, record de la Pro D2 après 12 journées).
Vendredi dernier, leur capacité à faire déjouer l'adversaire a atteint son sommet: les Dacquois ont dominé les Neversois dans leur domaine de prédilection, la touche, et les ont obligés à concéder leur premier essai de la saison sur ballon porté. Et les Bourguignons, battus 24-17, sont revenus pour la première fois complètement bredouilles d'un déplacement. Cette propension à être pénibles à jouer et malins stratégiquement se traduit en deux chiffres: Dax a, cette saison, déjà inscrit 36 pénalités et n'en a encaissé que 17, soit un bénéfice de 57 points sur les fautes. Aucun club ne fait aussi bien, et de loin, dans cet exercice comptable. En revanche, Dax est l'équipe de Pro D2 à avoir inscrit, pour l'instant, le plus faible total d'essais: 16 (*). L'équipe de Dubois est donc maintenant nettement plus réaliste que romantique.
Un constat que traduit à sa manière et d'une litote Jean-Baptiste Barrère, le 3e ligne et capitaine, lucide et confiant à la fois: "Nous avons trouvé l'équilibre entre la philosophie de cette équipe et ce qu'il fallait mettre en place pour exister."
Les pièges sont donc nombreux et identifiés pour le VRDR. Qui aura, de plus, à subir le désir vengeur des supporters landais qui, sur les réseaux sociaux, glissent très souvent le mot "revanche" sur le clavier. A Dax, personne n'a oublié que le VRDR a privé les leurs du titre de Nationale en mai dernier...
P. Laf.
(*) Jusque là, le VRDR a inscrit 17 pénalités, en a encaissé 19 et a marqué 30 essais.
Six qui font quatre
Une vraie minute de silence. Profond, recueilli. Transformer la colère en émotion. L'hommage à Thomas fut un prologue digne et prenant. Les Angoumoisins avaient même tenu à s'y associer encore plus personnellement en se rendant, en délégation, sur les lieux du drame, à Crépol, le matin de la rencontre.
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Puis il y eut un match. Un "match moche" comme le décrivit ensuite Fabien Fortassin. Mais un match que le VRDR a gagné. Petitement (6-0) mais à force de courage. Six points qui en valent quatre. Six points à décrypter.
1. Les quatre points:
Il fallait aller chercher la victoire pour basculer du bon côté du championnat. Mission accomplie dans la douleur mais aussi dans le bonheur d'avoir repoussé au classement un des rivaux dans la course au maintien, d'autant plus loin que la seconde pénalité réussie par Méret, à la sirène, a privé les visiteurs d'un bonus défensif. "Nous avons prouvé que nous ne sommes pas seulement équipe qui sait pratiquer le jeu de mouvement, sur des terrains secs, mais aussi s'adapter au jeu d'hiver", se réjouissait ensuite Fortassin. En saluant "la maturité" de son groupe, qui ne "s'est jamais affolé, est resté serein" malgré un score longtemps bloqué à 0-0. On n'avait d'ailleurs pas vu un aussi faible nombre de points marqués, en Pro D2, depuis le 7 décembre 2018 et une victoire de Bayonne à Colomiers (6-0). C'est dire que le spectacle a été réduit à son strict minimum ce 1er décembre à Pompidou.
2. Le classement:
C'est un saut de puce, passer de la 13e à la 10e place, mais c'est un pas de géant vers des lendemains moins anxiogènes. Avec sa défense de fer, la deuxième meilleure du championnat derrière celle du leader Vannes, concrétisée par deux victoires où l'adversaire reste à zéro (Biarritz puis Soyaux-Angoulême), avec un pack encore conquérant voire dominateur que le demi de mêlée Thomas Lhusero, en conférence de presse, a félicité pour son travail et son abnégation, le VRDR sort, à domicile, des armes propres à décourager les plus ambitieux visiteurs. Et les Charentais, mis souvent à la faute (16 pénalités - dont 11 en seconde période - et un carton jaune concédés), n'ont jamais pu contourner cette ligne fortifiée. Quand on mesure combien cette compétition est serrée (6 points seulement entre le 6e et le 14e) et quand on voit les trous d'air fréquents, et encore à Provence, du désormais bon dernier de la classe, Rouen, cette imperméabilité est rassurante.
3. La pelouse:
Le terrain de Pompidou est un cloaque. Et, même si Fortassin et Lhusero ont reconnu que, grâce aux efforts des services techniques de la Ville, "il était moins mauvais que lors de la réception de Provence", il demeure indigne d'une pelouse de Pro D2. L'hiver risque d'être bien long et l'idée de faire donner la cavalerie pour essayer d'engranger des bonus offensifs doit, pour l'instant, être écartée. Croisons les doigts pour que la météo repasse au sec au risque de ne pas constater d'amélioration notable avant plusieurs mois. Nous avons vite renoncé à comptabiliser les fautes de main et les appuis douteux au long d'une rencontre qui aurait été d'ailleurs reportée par l'arbitre si la Ligue et la télé n'avaient fait pression pour la maintenir. Le seul point positif, dans ce bourbier, c'est que les Damiers ont donc prouvé qu'ils savent s'adapter. Mais le spectacle proposé en pâtit tellement qu'on craint que le public, qui reprenait en nombre le chemin de Pompidou, ne se lasse de ces matches sans envolée où les mêlées succèdent aux "petits tas".
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4. La touche:
Si Fortassin a loué l'état d'esprit irréprochable de ses joueurs, si Lhusero a constaté que ses partenaires et lui ont "fait peu de fautes", si la mêlée a très bien tenu, la touche est redevenue un gros point noir. Six perdues plus une "pas droite" sur seize lancers, c'est beaucoup trop de déchet pour utiliser ce secteur du jeu comme rampe de lancement ou organiser des groupés pénétrants efficaces. Surtout lorsque ces pertes de balle interviennent sur des pénaltouches à l'abord de la ligne adverse. C'est, entre autres, cette défaillance qui a fait regretter au coach drômois "le manque d'efficacité" de son XV, largement dominateur territorialement, au moment de conclure.
5. La blessure:
Brice Humbert, juste avant la fin de match, est resté longtemps allongé sur la pelouse après avoir crié de douleur, cheville tordue, et avant d'être évacué sur une civière. Il semble souffrir d'une fracture, ce qui signifie sans doute une absence jusqu'en fin de saison. Il va donc vite falloir s'atteler à recruter, en joker médical, un autre talonneur: "Il y a encore trop de matches à disputer pour qu'on puisse prendre le risque de se contenter de deux talonneurs", a tout de suite affirmé Fortassin. Un talonneur est aussi un lanceur et souvent un finisseur sur les mauls. Il va donc falloir trouver une pointure immédiatement opérationnelle. Tout en souhaitant à Brice un complet rétablissement.
6. Les perspectives:
En se replaçant à portée de fusil du top 6, le VRDR démarre bien ce bref bloc de trois chocs et s'ouvre le droit de se stabiliser dans un ventre pas si mou que ça, carrément fluctuant même! Histoire de se retrouver dans le bon wagon quand la hiérarchie va finir par s'établir, les Damiers seraient inspirés d'aller enfin gratter plus qu'un bonus défensif à l'extérieur. C'est à Dax, sur une pelouse qui ressemblera à celle de Pompidou si la pluie persiste sur les Landes, qu'est fixé leur prochain rendez-vous, ce vendredi 8 décembre. Dax, l'autre promu qu'ils ont battu en finale de Nationale au printemps dernier. Dax qui, après une entame difficile, devient intraitable chez lui. Un nouveau test avant le dernier rendez-vous de l'année, le 15 décembre quand de surprenants Biterrois, 3es ex-aequo, se présenteront à Pompidou. Rien n'est facile dans cette Pro D2 hivernale, de boue et de feu.
P. Laf.