L'élève dépassera-t-il le maître?
Elle est bien révolue l'époque du rugby plus tout à fait amateur et pas vraiment professionnel d'il y a quelques décennies désormais, quand un club attirait un joueur en lui offrant un commerce ou bien un portefeuille d'assurances. Souvent le recruté faisait souche dans son nouveau fief, son activité prospérait, il y terminait sa carrière et y demeurait bien après. Beaucoup d'exemples d'implantations réussies dans notre vallée du Rhône escortent nos souvenirs.
Aujourd'hui le professionnalisme crée de nouvelles trajectoires, plus hachées ou sinusoïdales, et multiplie les occasions de retrouver certains amis en compagnie desquels on a effectué un bout de chemin avant de se séparer. Ainsi pour Fabien Fortassin, le coach drômois, qui après Montauban (où il a découvert le Top 14) et Biarritz (où il terminé son parcours de joueur avant d'intégrer le staff), se retrouve ce mercredi soir face à Brive et, surtout, Patrice Collazo, qui fut son entraîneur lorsque tous deux et leur bande rochelaise ramenèrent les Maritimes en Top 14, en mai 2014. "Notre relation a toujours été forte, rappelle aujourd'hui Fortassin. Nous avons vécu ensemble une belle aventure sportive et humaine, Patrice est un entraîneur qui m'a marqué et m'a incité à marche sur ses traces, m'a aidé à comprendre que ce métier pourrait être le mien. J'espère juste que, pour un soir, l'élève pourra dépasser le maître!"
Le sourire du manager des Damiers en dit long sur le respect et l'amitié qui le lient à celui du CAB, mais aussi sur son envie de prouver qu'il a bien fait sienne l'expérience que Collazo lui a fait partager au cours de trois saisons sous les mêmes couleurs. Une preuve qui sera bien sûr difficile à concrétiser et administrer: "Nous sommes déterminés à demeurer invaincus à domicile", assène le talonneur Dorian Marco Peña, bien conscient que rester maître chez soi est devenu indispensable en Pro D2: trois victoires à l'extérieur seulement et deux matches nuls en quatre journées! "Les Brivistes sont solides, s'appuient sur de gros porteurs, à nous de les déplacer et d'imposer notre rythme, poursuit celui qui portera le numéro 2 ce jeudi. On a bien bossé, on a les clés." Le discours est assuré malgré le bémol de la touche, toujours en chantier, et dont il sera ce jeudi le premier lanceur: "C'est frustrant de se faire contrer et de se priver de ces munitions, avoue l'ancien Biterrois. Mais ça va revenir, nous allons retrouver les bonnes zones et les bonnes sensations."
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La mise en place fut sérieuse et joyeuse ce mercredi sous le soleil de Pompidou.
En en acceptant l'augure, ce VRDR va pouvoir et devoir "se focaliser sur ce que l'on sait faire", comme le martèle Fortassin. "Ce n'est pas plus mal que ce soit un gros de la poule qui se présente encore à Pompidou, ça booste les énergies et la concentration, ça empêche tout phénomène de décompression, même insensible et inconsciente." Et d'entretenir la flamme et l'ambition avec quelques assurances: "A priori, Brive est une équipe au profil qui nous laisse dans notre fil conducteur, avec notre capacité à créer du mouvement et donner du volume, à déplacer le jeu. Mais attention, sans jouer à la baballe, en alternant avec un jeu au pied de pression, une occupation territoriale qui les oblige à courir."
Le boss, qui s'attend à "un gros combat devant", a choisi une formule "6-2" (six avants et deux arrières) pour ses finisseurs: "Il y aura une grosse débauche d'énergie au niveau du pack, il va falloir insuffler de la fraîcheur. Et comme nous avons pas mal de polyvalence derrière..."
Il va falloir aussi faire sans deux garçons qui ont apporté beaucoup ces dernières semaines, Darrell Dyer (qui se remet doucement d'une commotion subie face à Colomiers) et Gauthier Minguillon (touché à l'épaule à Nevers, un tendon semble-t-il abîmé) mais avec des rentrants "que je sens enthousiastes, très désireux d'être sur le terrain". Un seul des titulaires à Nevers (le capitaine Axel Bruchet) le sera encore ce soir parmi les 13 qui enchaîneront les deux feuilles de match à six jours d'intervalle.
Y a plus qu'à... Mais Collazo va mettre en garde ses hommes: il connaît parfaitement le chef d'orchestre de la maison d'en face, il sait à qui il a affaire, et aucun effet de surprise ne peut plus fonctionner à Pompidou, même envers les favoris. Ce qui est plutôt bon signe pour le VRDR.
P. Laf.
La composition du VRDR: Royer, Marco Peña, Milasinovich - Massot, Maamry - Burchet (cap.), Iashagashvili, Bholi - Menzel (m), Méret (o) - Mawalu, Guillomot, Neiceru, Vargas - Bouldoire. Rempl.: Pontanier, Humbert, Goze, Goumat, Roux, Brayer, Lhusero, Pauvert.
Encore une affiche!
Le bloc des cinq premières rencontres va se terminer, ce mercredi à Pompidou, par la nouvelle réception d'un grand nom du rugby français et gros bras de la Pro D2. Relégué de Top 14 à l'issue du dernier exercice, Brive ne souhaite pas s'éterniser à l'étage inférieur comme l'exigent à la fois son budget (environ deux fois supérieur à celui du VRDR) et son étiquette. Le CAB compte en effet parmi les clubs les plus huppés de l'Hexagone, vainqueur de la Coupe d'Europe, quatre fois finaliste du Championnat de France et lauréat de feu le Challenge du Manoir. Et même si tout cela date de la fin du siècle dernier, les Brivistes, soutenus par un public fidèle et la force de leur institution, ont les moyens et les crocs pour nourrir de hautes ambitions.
La tâche de cette reconquête a été confiée à un entraîneur charismatique, Patrice Collazo (qui a bien connu Fabien Fortassin à La Rochelle, je vous en reparlerai par ailleurs), lequel peut s'appuyer sur une victoire des siens (17-6), jeudi dernier, face à Provence Rugby alors leader invaincu. Paradoxalement, ce succès n'a pas satisfait le coach qui a jugé la production de son équipe "le match le moins abouti depuis le début de la saison". Et, parmi "peu de points positifs", le coach corrézien a surtout mis en avant sa défense puisque Provence, qui se présentait au stade Amédée-Domenech avec la meilleure attaque de Pro D2, en est repartie sans avoir pu marquer le moindre essai malgré quatre belles occasions de concrétiser.
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Patrice Collazo
Infos ou intox?
Deux échos parviennent de Brive, avant que Collazo annonce la composition de son XV tout à l'heure:
1. Les indisponibilités seraient nombreuses, à commencer par celle de Stuart Olding, le brillantissime arrière international irlandais, mais aussi celles de Timani, Voisin, Brennan, Van Eerten, Léo Carbonneau ou encore Warren-Vosayaco, autant de titulaires réguliers ou en puissance.
2. L'option serait de faire pas mal tourner l'effectif pour rattraper un retard certain par rapport au règlement sur les JIFF (joueurs issus des filières de formation). Rappelons cette obligation: les clubs doivent aligner sur les feuilles de match 16 joueurs "JIFF" en moyenne sous peine de se voir infliger de lourdes pénalités en points.
Il est parfois de bonne stratégie d'avertir qu'on arrivera diminué, sans toutes ses forces vives, pour éventuellement provoquer un excès de confiance chez son hôte. L'avenir dira vite s'il s'agit d'infos confirmées ou d'une petite tentative d'intox...
Rappelons le bilan cette saison de Brive, qui débarquera à Pompidou avec 10 points (soit un de plus que le VRDR) et une cinquième place au classement: deux victoires face à Béziers (35-5, bonus offensif) et Provence (17-6) et deux défaites à Agen (29-32, bonus défensif) et Montauban (34-28).
Chacun son chemin (8 septembre 2023)
C'était ma première au Pré Fleuri et dès l'entrée au stade, on sait où l'on met les pieds: dans l'antre d'un club qui lorgne le Top 14. Rien d'ostentatoire pourtant, un format de bonbonnière, un côté champêtre même, comme le nom le suggère, mais tout est huilé, ordonnancé, tourné et concentré sur la performance. De la chaleur (pas seulement en raison de la température caniculaire) et de la rigueur. On sait vous accueillir mais on n'est pas là pour rigoler. Et d'ailleurs, malgré le 35-5 et le point de bonus (dont il s'est dit "heureux"), Xavier Péméja, l'emblématique et exigeant manager de Nevers, a surtout regretté le "manque de sérieux" de ses joueurs dans la seconde partie de la première période, quand ils ont connu ce trou d'air qui a faillir remettre le VRDR dans le match. Il le regrettait tout en rendant hommage au "joli groupe de Romans (sic), aux bons petits joueurs qui vont vite et qui nous fait trembler un moment". Avec cette précision: "Pas étonnant au vu de la qualité des gens qui l'encadrent." Péméja ne lançait pas ainsi une politesse en l'air, pour la forme... Il est reparti avec la conviction que ce sera plus compliqué lors du match retour, le 22 mars à Pompidou. C'est déjà ça.
Place aux jeunes (6 septembre 2023)
Sans surprise, Fabien Fortassin a décidé de largement faire tourner pour le déplacement à Nevers. Onze des titulaires de la victoire sur Colomiers quittent provisoirement le groupe, un seul d'entre eux (Massot) étant convié au voyage en tant que finisseur. Le coach ne le dira pas explicitement, même s'il évoque "le contexte" mais il est évident et bien normal que, dans l'accumulation des rencontres et de la fatigue, il réserve quelques-unes de ses meilleures cartouches pour la réception de l'ogre briviste qui interviendra dès mercredi prochain.
La composition:
Aléo, Humbert, Roume - Brayer, Goumat - Bruchet (cap.), Hayes, Girlando - Lhusero (m), Doucet (o) - Maguranyanga, Te Tamaki, Pauvert, Quinnez - Minguillon. Remplaçants : Pontanier, Marco Peña (t.), Goze, Massot, Roux, Menzel, Sanchez, Bouldoire.
Dernière mise en place et dernier cercle ce mercredi matin, sur l'annexe de Pompidou, avant de partir pour Nevers.
Ce sera donc la première apparition à ce niveau pour les jeunes Mathis Roume (21 ans), Clément Doucet (22), Adrien Roux (20) et Marco Sanchez (20). "C'est à la fois une récompense pour la formation drômoise que promeut le VRDR et une ascension méritée pour ces joueurs en devenir, explique le manager général. Nous sommes dans notre logique de faire confiance à tout le monde: nous avons besoin de tous, d'autant que notre effectif présente une belle homogénéité."
L'expérience, face à une équipe rodée aux combats de la Pro D2 comme l'est Nevers, qui plus est en recherche d'un meilleur classement après deux défaites en trois matches, aurait pourtant sans doute été un plus. "Le XV qu'on présentera à les moyens d'embêter les joueurs de Nevers, avance Fortassin. Les gars auront zéro pression, ils arriveront plein de bonnes intentions, il faudra simplement continuer à faire les choses avec intensité, mettre de la précision quand on aura le ballon et de la générosité quand il sera aux mains de l'adversaire. Etre acteurs et rester dans la partie le plus longtemps possible." Un discours plutôt restrictif qu'il rectifie aussitôt d'un augure malicieux: "Je sais qu'on sera présents et qu'on va les surprendre."
Cette assurance est plaisante à entendre même si la prédiction ne se réalisera peut-être pas. Personne n'en voudra à ces Espoirs s'ils ne rapportent rien, en termes comptables, de leur délicat déplacement: "Qu'ils profitent! lance Fortassin. On se souvient toute sa vie de sa première cape. Qu'ils le vivent bien et ne se laissent pas absorber par la pression même à des postes clés comme pilier droit (Roume) ou ouvreur (Doucet). Quoi qu'il arrive à Nevers, ils apprendront énormément, ils en sortiront grandis et ce sera bénéfique pour l'avenir."
D'évidence, même si tous les voyants demeurent au vert pour le VRDR (qui ne déplore, par exemple, que très peu de blessés et aucun suspendu), prendre un ou des points à Nevers relèverait de l'exploit. En passer 55 à Biarritz puis relancer pour un essai victorieux devant Colomiers étaient déjà des exploits. Lesquels, par définition, ne peuvent se banaliser. Mais bon, les Damiers ont du coffre et de l'audace. Ils en auront besoin dans la Nièvre, une terre vraiment hostile. Les chiffres le démontrent.
Un Pré Fleuri de succès
Nevers n'est pas un nom ronflant du rugby. Mais, récemment débarqué dans le professionnalisme - première saison en Pro D2 en 2017-2018), l'USON s'y est tout de suite installée à haut niveau. En six saisons, les Neversois n'ont jamais terminé plus bas qu'à la septième position au classement, se qualifiant trois fois pour les barrages et atteignant même, en 2022, les demi-finales. Autant dire que le club a les moyens de ses - grosses - ambitions et que, dans son repaire du Pré Fleuri, cette équipe ne lâche guère de lest. Sur 87 rencontres disputées à domicile en saison régulière, Nevers l'a emporté à 69 reprises, ne concédant que 3 nuls et 15 défaites. Le vaincu est reparti 21 fois avec un bonus défensif (soit entre 2 et 5 à chaque exercice) et le VRDR - cela semble déjà une autre époque... - y a encaissé deux sérieux revers : 6-36 en 2020 et 11-33 en 2021. Pour l'anecdote et pour sourire, trois visiteurs s'y sont imposés avec le bonus offensif: Béziers en 2017-2018, Soyaux-Angoulême en 2019-2020 et Bayonne en 2021-2022. Cette perf semble donc surgir tous les deux ans. A qui le tour en 2023-2024? C'est agréable de rêver, non?
P. Laf.
Pom pom pidooouuuu! (4 septembre 2023)
Tout ce que vous allez lire-ci-dessous doit être interprété à l'aune de la reconnaissance et du respect que nous inspirent Johann Authier, son travail et ses résultats au long des six saisons qu'il a passées au VRDR. Deux montées en Pro D2 et un titre de champion de France de Nationale, le premier dans la vitrine du club, c'est un magnifique palmarès et héritage.
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Fabien Fortassin (photo J. Laurent) |
Force est de constater que Fortassin en a jusqu'alors assuré un excellent usage et semble à même de le faire prospérer. Le bonhomme est arrivé discrètement aux manettes, sans expérience de coach à ce niveau, mais appuyé sur quelques principes et assurances qui en font un séducteur. Et le tour qu'il donne à son équipe valide déjà le choix des présidents qui avait pu, au printemps dernier, paraître étonnant et aléatoire.
Sa façon d'aborder le rugby, qui a sans doute à voir avec ses origines gersoises, toute en chaleur, en détermination et, au besoin, en faconde, est un rayon de soleil: la greffe d'un gars du Sud-Ouest dans notre vallée du Rhône a souvent bien pris et donné des fruits juteux.
Le garçon a été sacré trois fois meilleur buteur (et meilleur réalisateur!) de Pro D2 au cours de sa carrière de joueur et il a grandement contribué à l'irruption de La Rochelle dans l'Elite. L'ouverture est un poste qui, comme son nom devrait toujours l'indiquer, prédispose à l'offensive, à un jeu de mouvement forcément emballant et... risqué. Le risque a payé, largement devant Biarritz et in extremis face à Colomiers où une relance de 60 m a fini par inverser la tendance. "C'est l'équipe qui a mis le plus d'enthousiasme qui a gagné", reconnaissait après match l'entraîneur haut-garonnais, Julien Sarraute, en constatant les dégâts. Et c'est aussi l'équipe qui a mis le plus bel "état d'esprit" (le leitmotiv de Fortassin) pour ensuite défendre sa ligne jusqu'au coup de sifflet libérateur.
Le manager général du VRDR, depuis sa prise de fonction, exige cette "force de caractère" dont a fait preuve son XV en toutes circonstances - même à Montauban, où le contenu fut par ailleurs bien pauvre - depuis le début de la saison. Arriver jeudi à Nevers en quatrième position au classement et avec trois points d'avance sur ses hôtes d'un soir est un bonus pour lequel "j'aurais signé des deux mains" dit-il. Et nous donc, qui commencions à nous inquiéter des conséquences d'un éventuel premier bloc à zéro!
L'atmosphère est donc sereine, le lien entre les joueurs - beaucoup on été aperçus, en groupe et en famille, samedi sur le marché de la place des Clercs - se noue tranquillement, le turnover fonctionne (32 joueurs déjà utilisés sans baisse de régime notoire, ce qui confirme un minimum de profondeur de banc), le recrutement - que le manager juge "équilibré" - est donc à la hauteur et le VRDR au niveau de son ambition affichée. Un niveau qui ne cesse de progresser quand on considère les résultats hyper-serrés de cette 3e journée.
Que demander de plus dans l'immédiat? D'autant que cette alchimie qui prend crée une affluence et, surtout, une ambiance qu'on avait rarement vues à Pompidou. Le son du soutien aux Damiers éclatait à l'écran vendredi puisque j'ai dû me résoudre à suivre la rencontre devant la télé. C'est aussi le fruit du beau jeu proposé. Une émulation est en train de se créer. Chouette et prometteur! Pom pom pidooouuu!!!
P. Laf.
Devant la télé... (29 août 2023)
Je ne pourrai hélas être à Pompidou vendredi soir pour la réception de Colomiers. Je me contenterai de regarder le match à la télé mais serai de tout coeur avec vous.
Cette absence, provisoire et exceptionnelle, va m'empêcher de vous présenter la rencontre - et en rendre compte - d'une manière classique. Je vous invite donc à vous reporter vers les excellents écrits de mes confrères du Dauphiné Libéré, Midi Olympique ou encore L'Impartial et, bien sûr, d'écouter Valéry Lombardo sur Bleu Drôme-Ardèche.
Cependant, et pour ne pas laisser une page blanche et apporter une contribution décalée à la soirée qui s'annonce, je vais vous donner une petite statistique amusante: depuis l'instauration du bonus, il y a bientôt vingt ans, aucune équipe de Pro D2 ayant pris un bonus offensif dès la deuxième journée n'a connu les affres de la relégation. C'est un signe totalement anecdotique mais la preuve qu'une équipe qui trouve rapidement ses marques dans son championnat se met plus facilement à l'abri des désillusions. On va, sans en tirer aucune conclusion si tôt dans la saison, en accepter l'augure!
Et puis nous allons profiter de ce que l'exploit face à Biarritz, ce 55-0 aux huit essais, place aujourd'hui le VRDR au sommet du tableau d'honneur de la Pro D2. Les statistiques officielles de la LNR - après deux matches - sont parlantes en la matière:
- VRDR meilleure défense avec 20 points encaissés.
- VRDR, meilleure équipe en terme de mètres parcourus (1 553, 9 m).
- Mosese Mawalu meilleur marqueur avec 3 essais et premier au nombre de mètres parcourus (267).
- VRDR première équipe au nombre de ballons grattés (17) et Thembelani Bholi meilleur gratteur avec 6 ballons.
- Adam Vargas et Mosese Mawalu en tête des franchissements, 4 chacun.
Oh là, oh là! On ne va pas s'enflammer. Se contenter de savourer les retombées de ce triomphe imprévisible mais parfaitement mérité. Il y aura sans doute des lendemains plus difficiles. Ou pas. Qui sait?
Bon Pompidou vendredi. On s'y retrouve vite.
P. Laf.
Par ailleurs, pour illustrer mon propos, je vous mets ci-dessous deux images de la soirée de lundi dernier sous le réceptif de Pompidou. Florian Goumat y recevait l'Oscar de Midi Olympique pour l'ensemble de sa carrière - qui continue bien sûr, il est même dès cette semaine à la disposition du coach, suspension purgée! - et sa fidélité à son club de presque toujours. Une soirée très réussie, au cours de laquelle ont également été honorés Clément Doucet (meilleur Espoir) et Yvan Jourdan, pour son travail de formateur, devant le parterre de l'ensemble de l'équipe professionnelle et de nombreux partenaires et amis.
Les photos: la remise de l'Oscar à Florian Goumat et Goumat et Doucet entourés par leurs équipiers et dirigeants.
Soirée de ouf! (26 août 2023)
Vous en avez sans doute vu (au stade j'espère!) et revu les images, vous avez entendu les réactions et commentaires des uns et des autres et vous n'en êtes pas encore revenu... Je ne vais donc pas gloser et refaire l'analyse d'une soirée de ouf, je vais me contenter de souligner les points ô combien positifs d'un triomphe surprenant et renversant. Ce que j'ai aimé à Pompidou ce vendredi soir, ce qu'ont aimé les gens qui ont vécu ce moment de l'histoire du VRDR à mes côtés et ceux avec qui j'ai pu en parler.
ON A AIMé...
- Le résultat: jamais Biarritz n'avait enduré un écart de 55 points tout au long de ses neuf saisons de Pro D2. La précédente plus grosse défaite du BO, dans cette division, remontait à la saison 2018 (défaite 56-3 à Perpignan). Une seule fois les Biarrots n'étaient pas parvenu à marquer au cours des 80 minutes, c'était face à Pau (0-20) en 2015.
- Le résultat encore: ce succès sans appel, le plus large depuis la fondation du VRDR, offre aux Damiers simplement leur deuxième bonus offensif après celui face à Aurillac, le 26 mars 2021. "C'est bien que ce match référence vienne très vite, se réjouit Fortassin. Quand on est capable de faire une fois, on sait qu'on peut faire plusieurs fois." Et le coach d'avouer sa "fierté" devant la volonté des siens de laisser l'adversaire à zéro - "Ce qui est très rare en rugby" - notamment lorsqu'ils ont contré sans relâche et sans appel, sur des pénaltouches très dangereuses, les visiteurs en toute fin de rencontre.
- Le résultat toujours: cet inattendu et méritoire "clean sheet" permet au VRDR d'être - après deux journées seulement, on ne va pas s'enflammer...- la meilleure défense du championnat. On avait déjà deviné, au cours de la préparation et même à Montauban malgré la défaite, que cette qualité défensive serait un des points forts de l'équipe, cette stat toute provisoire en est un signe. Fortassin: "Je veux que, comme ce vendredi soir face à Biarritz, on joue au rugby, on prenne des risques quitte à se faire contrer. J'ai une grosse confiance en ma défense et sa capacité à récupérer le ballon."
- Le résultat enfin: en remontant sur les dix dernières années, de tels écarts sont rarissimes et, à l'exception de Vannes en 2017 (56-0 lors de la dernière journée face à un Bourgoin déjà relégué et démobilisé), ont tous été à l'avantage de clubs qualifiés voire promus en fin de saison (Lyon et Narbonne en 2014, Montauban en 2018, Oyonnax en 2021). De là à penser que le VRDR va viser le Top 6, il y a un pas que nous n'allons pas franchir...
- Le fait d'appeler tout de suite au calme, à ne pas s'enflammer: "Le signal que nous envoyons aux autres équipes ne sera vraiment fort que si nous parvenons à confirmer la semaine prochaine devant Colomiers, au moins dans le contenu, annoncent staff et joueurs en choeur. Il s'agira d'embellir notre victoire contre Biarritz." Et tout le monde sait qu'il faut se remettre au boulot, dans l'humilité, dès ce dimanche.
- La performance de TOUS les Damiers, titulaires et finisseurs: l'élection du meilleur joueur du match semble mettre en avant Iashagashvili et Mawalu (que Fortassin avait "un peu secoué" cette semaine après sa prestation insuffisante à Sapiac). C'est mérité, ils ont été flamboyants (comme tout le pack, notamment la troisième ligne et un Dyer cette fois conquérant en touche) mais il est bon de souligner aussi le gros apport de Guillomot, au jeu si juste, et la force mentale de Méret qui, après avoir "dévissé" ses premières frappes, s'est mis à être un super chef d'orchestre, à la main comme au pied.
- L'ambiance à Pompidou, appréciée par Fortassin ("C'est important de "s'acheter" le public, on aura besoin du seizième homme"), avec la banda-Bamba d'Etoile qui rythmait les essais et de vrais supporters bruyants. Avec mention aux courageux qui ont bravé l'orage dans les gradins dont la couverture est heureusement prévue dans le plan de rénovation du stade.
- La frénésie qui a gagné les vainqueurs à la fin des débats, certains en slip - à damier! - sous le déluge, heureux comme des gosses à barboter dans la pelouse-piscine de Pompidou (elle était toute neuve, espérons qu'elle n'aura pas trop souffert de cette submersion) et de communier avec leurs supporters.
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Un triomphe bien arrosé! |
- L'invitation de Pro Watts Energie à rejoindre un espace VIP enfiévré et ravi d'accueillir sous les vivats ses héros d'un soir. Et peut-être plus, comme le souhaite Fortassin: "Il ne faut pas que ce soit un one shot, tant mieux si ce match reste dans l'histoire du club mais on a tous envie que toute la saison reste dans l'histoire du club."
- Les prochains retours de Florent Goumat (qui sera honoré ce lundi soir par Midi Olympique), suspension purgée, et de Charles Bouldoire (tendinite en voie de guérison), lequel pourra éventuellement pallier une indisponibilité de Worth, touché à l'ischio.
- La soirée "du" ouf! C'était franchement un test, un premier tournant de la saison, et c'est donc un soulagement de savoir dès à présent que le VRDR a tous les moyens de rivaliser en Pro D2. Un promu part dans l'inconnu, ses repères sont vagues en début d'exercice, Dax est en train d'en vivre l'expérience - pour l'instant - péniblement. Là, appuyés sur ce 55-0 construit avec réussite certes, mais énormément d'envie, d'abnégation et de qualités tous azimuts, et même si rien n'est acquis, les Damiers ont de quoi regarder fièrement devant eux et Colomiers les yeux dans les yeux.
P. Laf.
Coup de chaud sur Pompidou (24 août 2023)
Après Montauban, où il avait débuté sa carrière en Top 14, voilà que c'est le Biarritz Olympique, où il l'a terminée avant d'en intégrer le staff, qui vient se mettre en travers de ses ambitions de coach en Pro D2... Fabien Fortassin s'en amuse: "On dirait que le calendrier a été fait sur mesures!" Pour ses souvenirs sans doute, pour étalonner son équipe assurément. Car, je l'ai détaillé dans mon précédent article, le BO après une entame "assez pauvre hormis la générosité et l'engagement" à Sapiac, ce n'est pas l'idéal pour se remettre la tête à l'endroit et dans le sens de la marche.
Certes, et il l'a donc vécu de l'intérieur, Fortassin peut espérer que "le contexte biarrot particulier, avec ses soubresauts" favorisera ses desseins. Certes, il a également noté que l'armada qui débarque ce vendredi à Pompidou, "a profité de deux contres, de l'énervement de Colomiers et du carton rouge qui s'en est suivi" pour s'imposer largement sans rendre une copie impeccable. Mais il sait, et il l'a répété à ses hommes tout au long de cette caniculaire semaine de préparation et de réglages, que cette leçon de la première journée doit leur servir: "Il est des moments charnières au cours desquels les joueurs doivent rester des glaçons. Les aléas du jeu et de l'arbitrage, moins souvent favorables au promu, ne doivent pas faire perdre notre concentration et notre lucidité. Quand c'est serré, quand ça va basculer, c'est celui qui commet le moins d'erreurs qui gagne." Et de souhaiter ardemment que ce sera serré, que ses hommes sauront "prendre du plaisir à jouer ce match, en être acteurs, assumer leur place en Pro D2, imposer leur rythme et gérer les temps faibles." Un vrai gros test en somme. Et de marteler: "Je leur demande d'être prêts à l'imprévu."
"Il y aura peu de rencontres où nous serons favoris, admet Fortassin. Si cela nous crispe, on sera bloqués. Champion de France, le groupe n'avait plus l'habitude de perdre. Je leur interdis d'avoir la tête des mauvais jours, je veux qu'ils gardent l'enthousiasme, qu'ils se libèrent, osent, provoquent. Ils sont capables de belles choses. Personne n'a le pistolet sur la tempe, chacun a le droit à l'erreur. Je leur garde ma confiance, c'est nécessaire pour progresser. Les changements effectués étaient quasiment tous programmés avant la défaite à Montauban. Le contenu là-bas n'a pas modifié mes choix."
De fait, dans le XV de départ, seule la première ligne est totalement nouvelle et on ne constate qu'un remplacement dans les lignes arrières, celui de Pauvert par Guillomot. De la fraîcheur en revanche parmi les "finisseurs", dont six sur huit ne figuraient pas sur la feuille il y a une semaine. Fortassin l'avait annoncé: il fera beaucoup tourner en ce début de saison parce que son ossature n'est pas encore dégagée. Et avec les prochains retours de Bouldoire et Goumat, puis l'apport de McCauley, la concurrence est appelée à s'intensifier.
Au demi de mêlée Tim Menzel le mot de la fin et de l'espoir: "Nous n'avons pas peur. L'état d'esprit est là. Je pense que ce sera serré et qu'on aura l'occasion de faire pencher la balance de notre côté sur la fin. On apprend mieux dans la défaite que dans la victoire." A Montauban, le VRDR a donc sans doute beaucoup appris.
P. Laf.
Un BO tout beau (23 août 2023)
La venue de Biarritz à Pompidou est un événement. Et si la canicule ne décourage pas les candidats spectateurs, ils seront nombreux au rendez-vous ce vendredi soir, autant pour découvrir cet adversaire prestigieux que pour assister au retour du VRDR à domicile en Pro D2. Reconnaissons que si ç'avait été face à Rouen, Soyaux-Angoulême ou Nevers, l'engouement aurait été nettement moindre.
Alors, une fois ne sera pas coutume, je vais un peu m'attarder sur l'équipe visiteuse, au nom ronflant - le BO -, aux cinq titres de champion de France et deux fois finaliste de la Coupe d'Europe.
Cette carte de visite, paraphée par de grands noms tels Serge Blanco, Serge Betsen, Imanol Harinordoquy ou Dimitri Yachvili, entre autres, semble à peine écornée par les remous extra-sportifs qui agitent régulièrement le club. Et c'est à un XV tout beau tout neuf, ambitieux, à l'effectif digne du Top 14 et parfaitement lancé par un net succès sur Colomiers (35-18) dès la première journée, que le VRDR va se frotter. Une liste indicative de ses internationaux pour vous édifier à ce propos: le demi de mêlée Rhys Webb (40 sélections avec le pays de Galles), son compatriote Tyler Morgan (centre), les Anglais Jonathan Joseph (centre ou ailier aux 32 sélections) et Charlie Matthews (2e ligne) ou encore Yann David, centre international (4 sélection en Bleu) venu de... Bayonne! Sans oublier la recrue la plus sulfureuse et controversée de l'été, le pilier Mohamed Haouas... Et pour rappel, à leurs côtés, un petit ailier bien de chez nous, Yohann Artru, né à Valence et qui a débuté le rugby à Beauvallon.
C'est donc une armada conduite par des étoiles largement admirées à la télé qui débarque. De quoi faire saliver et frémir, en se rappelant tout de même que le plus bel exploit de la courte expérience du VRDR en Pro D2, fut une victoire à... Biarritz, sur la mythique pelouse d'Aguilera (29-31), le 8 janvier 2021!
P. Laf.
L'hommage d'Armary
Chez nos confrères de Midi Olympique, en présentation de la saison de Tarbes en Nationale - qu'il a rejoint à l'intersaison -, l'ex-capitaine du VRDR, Alexis Armary, qui s'est déclaré "content de son aventure dans la Drôme", rend hommage à son ancien club et à ses dirigeants et partenaires institutionnels: "Je félicite les deux villes de Valence et Romans d'avoir réussi à fusionner pour faire un grand club. C'est triste que les Lourdais, les Bagnérais et les Tarbais n'aient pas réussi à en faire autant pour avoir une équipe au plus haut niveau. Mais qui sait, un jour peut-être..." Alexis le Bigourdan, que tout le monde regrette dans la Drôme, exprime parfaitement ce qui nous motive à soutenir cette courageuse construction du VRDR.
Couac à Sapiac (22 août 2023)
Je réponds ici à la sollicitation générale de... Didier-du-Derby en publiant un court article. Je me refusais à l'exercice lorsque je ne serais pas témoin direct de l'événement. Je ne pourrai être à tous les matches du VRDR cette saison, surtout à l'extérieur bien sûr, mais je les suivrai tous, en regardant la télé bien sûr mais aussi en écoutant ou lisant mes confrères de Bleu Drôme-Ardèche, Le Dauphiné Libéré, L'Impartial, Midi Olympique et j'en oublie. Alors, même si je ne me suis pas rendu à Sapiac vendredi dernier, ce dur retour aux réalités de la Pro D2, à la réflexion et après avoir digéré l'événement et échangé à son propos, mérite un bref débrief.
L'activité et les charges de Iashagashvili n'ont pas pu déboucher sur un essai.
Fabien Fortassin - qui a confirmé qu'il porte d'humaines valeurs en arborant un t-shirt à l'effigie d'Ibou Diarra, son ancien co-équipier trop tôt disparu - l'a dit avant tout le monde: "Nous aurions dû prendre une valise". Je ne reviendrai donc pas sur ce que chacun a pu tristement constater:
- Une touche terriblement défaillante (la pierre est dans le jardin de l'entraîneur des avants, Scott Newlands)
- Un jeu au pied catastrophique (Lucas Méret n'a pas confirmé les espoirs nés de ses prestations lors de la préparation)
- Des fautes de main à foison et une indiscipline sur laquelle Bosviel n'a pas su capitaliser en jouant systématiquement des pénaltouches avant la pause.
Et on n'insistera pas sur quelques faiblesses apparues en première ligne ni sur le fait que Montauban n'était vraiment pas dans un bon soir.
Je vais plutôt m'attacher à souligner le positif afin de croire en des lendemains meilleurs, même si Biarritz arrivera vendredi avec un effectif flamboyant et déjà les certitudes offertes par une jolie entame devant Colomiers (35-18).
- L'engagement et l'état d'esprit n'auront jamais fait défaut, l'équipe ne s'est jamais désunie, la défense a globalement fait le job, le fait de ne pas encaisser le moindre point lors des dix minutes à 14, après l'exclusion temporaire de Worth en première période, en étant l'encourageant signal.
- L'apport des finisseurs (7 recrues entrées en seconde mi-temps, dont un Lhusero qui a montré de la qualité à la mêlée) a permis de créer les rares lancements de jeu intéressants même si le score (ouvrir c'est s'exposer) a alors définitivement basculé en faveur des Montalbanais.
- La confirmation que Bruchet mérite bien le brassard qui lui a été confié - et la place de titulaire qui y est liée - son altruisme et ses qualités de plaqueur et gratteur sont apparues au grand jour. Le capitanat galvanise le jeune Ardéchois.
Thomas Lhusero a tenté de dynamiser le jeu du VRDRLe bilan est maigre, le VRDR sera resté la seule équipe à ne pas marquer d'essai en cette première journée. Mais il ne faut surtout pas déjà jeter le bébé avec l'eau de ce bain saumâtre. Dax, l'autre promu, démarre aussi un dur apprentissage. Quelques conclusions pourront être tirées après le très peu engageant premier bloc. Suivront, derrière la réception de Biarritz, celles de Colomiers et Brive, entrecoupées d'un déplacement à Nevers. Autant de gros tests et des points pas faciles à aller chercher. Serrons les rangs!
P. Laf.